Quel point commun entre "Jason et les Argonaurtes", "l'Odyssée d'Ulysse", "Star Wars" et "Matrix" ? Aucun, si ce n'est que toutes ces histoires possèdent une réserve commune d'images et de symboles. Ces archétypes constituent l'essence mêmes des mythes...
Extrait de : "Star Wars la magie du mythe" de Mary Henderson, Presse de la cité.
MYTHE CLASSIQUE |
STAR WARS |
MATRIX |
L'appel de l'aventure :
Traditionnellement, le héraut était le messager dépeché par un haut dignitaire (une personnalité royal, un chef) : porteur de nouvelle susceptible de preceder ou d'annoncer un message ou une prémonition. |
Le messager : R2D2
Le dignitaire : Leia |
Le messager : Trinity
Le dignitaire : Morpheus |
Dans le mythe de Persée et de Méduse, le héros se voit confier les éléments (bouclier magique, casque d'invisibilité,...) qui lui permetront de détruire la Gorgone. |
Les éléments : le plan de l'Etoile noire contenue dans R2 D2 |
Les éléments : l'amour de Trinity |
Les gardiens du seuil :
L'accès au jardin d'Eden, dans la Bible, est défendu par un ange brandissant une épée de feu. Dans leur quête de la Toisson d'or, jason et ses Argonautes doivent franchir une passe où les rochers pourraient réduire leur navire en miettes. Pour ce défaire des entraves qui définissent la vie de tous les jours, et ainsi faire le premier pas du voyage initiatique, le héros se doit de franchir ce seuil farouchement gardé. |
Les gardiens du seuil : l'oncle Owen et tante Beru demande à Luke de rester une saison de plus |
Les gardiens du seuil : Mr Rhineheart (le directeur de Metacortex) menace Thomas Anderson de perdre son emploi. |
Dans certains mythes médievaux, le chevalier peut très bien entamer sa quête en suivant un mystérieux cerf blanc comme neige jusqu'en dans les parties les plus sombres d'une foret inconnue. |
Le cerf blanc : R2 D2 s'enfuit
Les parties les plus sombres : la mer des Dunes |
Le cerf blanc : un lapin blanc tatoué sur une épaule
Les parties les plus sombres : une boite de nuit |
Il existe, dans des mythes très anciens, un autre type de seuil à franchir, avec un gardien plus dangereux. Celui-ci est prêt à tout pour empecher le héros d'aller à la découverte du nouveau monde qui s'étend au-délà des limites connues de sa maison ou de son village. Le terrible cerbère garde l'entrée des enfers pour Hades. Thésée est attaqué par les brigands alors qu'il veut quitter son village natal de Troezen pour se rendre à Athènes. Le héros ne peut franchir cette seconde barrière sans une aide extérieur. |
Un gardien plus dangereux : les hommes des sables qui maitrisent Luke
Une aide : Obi-Wan Kenobi fait déguerpir les hommes des sables |
Un gardien plus dangereux : les Agents capturent Thomas Anderson
Une aide : Trinity enlève le mouchard du ventre Néo |
Le guide, sage et secourable, et le talisman magique :
Bien souvent, le jeune héros sans expérience se rend compte, dans les premiers temps de sa quête, qu'il ne paut réellement progresser sans aide surnaturelle. Selon les écrits de Joseph Campbell, dans les contes de fées, cette aide "peut très bien être une petite créature de la foret, un magicien, un ermite, un berger ou un artisant qui apparait pour fournir amulettes et conseils dont le héros pourrait avoir besoin. Les mythologie les plus importantes accordent un rôle prépondérant au personnage du guide, du vieux maitre". De plus le guide doit fournir un but au héros. |
Le guide : Obi-Wan Kenobi
Le talisman : le sabre laser
Conseil et entrainement : Obi-Wan Kenobi apprend à Luke à canaliser la force dans le Faucon Millénium
Le but : Luke veut devenir un chevalier Jedi comme son père |
Le guide : Morpheus
Le talisman : le kung fu
Conseil et entrainement : Morpheus apprend à Néo maitriser la matrice dans le dojo
Le but : Néo doit devenir l'elu. |
Le refus de l'appel et la main du destin :
Les héros et héroines essayent bien souvent de battre en retraite lorsqu'ils se retrouvent confrontés à l'aventure qui risque de changer leur vie. C'est ce que Joseph Campbelldénomme "le refus de l'appel". Daphné, la nymphe de la Grèce antique, courtisée par le dieu Apollon, se refusa à ce dernier et prit la fuite. Parce que Daphné avait agi avec précipitation, son père, Pénée, le dieu de la rivière, la transforma en laurier. |
Le refus de l'appel : Luke propose une liste d'excuses standard : "il faut que je rentre à la maison, je suis déjà en retard. Il y a trop de travail ici."
La main du destin : les troupes de choc de l'Empire ont mis le feu à la ferme et massacrer sa famille. |
Le refus de l'appel : Néo s'apprete à quitter la voiture.
La main du destin : Trinity retient Néo en luidisant "Tu sais ou mene cette route". |
Franchir le premier seuil :
ulysse, le héros grec de l'Odyssée, quitte la ville de Troie à la fin de la guerre, pensant qu'il va rejoindre son ile d'Ithaque. Près de dix ans seront nécessaires pour qu'il parvienne au terme de son voyage. Comme tous les héros mythiques peuvent en faire l'expérience, le voyage implique épreuves et obstacles, victoires et retraites. Le héros perd bien souvent ses compagnons et doit aller, tout seul, au-devant de son destin. |
Franchir le premier seuil : l'acte final de séparation pour luke est d'abondonner non seulement sa maison, mais également sa planète. Luke décolle de Tatooine en croyant qu'il ne part que pour un simple voyage pour Alderaan, mais ce n'est que le début de ces aventures. |
Franchir le premier seuil : Néo doit choisir entre la pillule rouge et la pillule bleu. Néo prend la pillule rouge en croyant être mis dans la confidence d'un secret, mais ce n'est que le début de ces aventures. |
Les partenaires des héros :
Le partenaire du héros est quelque chose d'aussi ancien que la geste du héros lui-même. Dans la mythologie classique, les plus célébres partenaires de héros sont certaineement les Argonautes, de preux combattants grecs recrutés par jason pour servir d'équipage à bord de l'Argo et qui l'aideront dans sa quête de la Toison d'or.
Parfois pour trouver ces partenaires, le héro est obligé de descendre dans un monde souterrain inconnu. La descente dans les profondeurs est un passage archétypal de l'itinéraire du héros. Au sens psychologique strict, le héros abandonne le conscient de la vie de tous les jours derrière lui afin de descendre dans les régions inférieurs de l'inconscient, un domaine où règnent des puissances étranges, merveilleuses et dangereuses. |
Les partenaires des héros : l'équipage du Faucon Millenium (Han Solo et Chew-bacca)
La descente dans les profondeurs : Ben et Luke penettrent dans la cantina. |
Les partenaires des héros : l'équipage du Nebuchadnezzar (Morpheus, Trinity, ....)
La descente dans les profondeurs : Néo est jeté dans les égouts, puis il est receuilli dans les entrailles du Nebuchadnezzar (on remarquera les cables bleu et rouge similaires au système sanguin humain qui parcourent l'hovercraft). |
Un aperçu mystique :
"Ce dont traitent presque tous les mythes, c'est du passage de a conscience d'un état à un autre. Jusqu'à présent, vous pensiez d'une certaine manière, maintenant, vous devez penser d'une façon complétement différente", a déclaré Joseph Campell à Bill Moyers.
L'aperçu mystique assimile les principes élémentaires d'un grand nombre de religions importantes. Cependant, il symbolise le mieux ce que toutes les croyances ont en commun : une foi infaillible en un pouvoir spirituelle. Le sociologue Emile Durkheim a déclaré que les religions donnent à un individu sa force intérieure, un but et un sens à sa vie ainsi qu'une notion d'appartenance à un groupe. |
Un aperçu mystique : Luke doit découvrir la force. |
Un aperçu mystique : Néo doit découvrir la matrice. |
Dans la mythologie classique, le labyrinthe est la representation type du difficile voyage vers l'inconnu. Il s'agit en fait d'une métaphore de notre expérience de la vie qui nous apparait comme un chemin tortureux sans aucun sens logique. Ce n'est qu'à la fin, uniquement si nous avons beaucoup de chance, que nous pouvons constater que l'itinéraire était déjà tracé depuis le début.
La plus célbre histoire de labyrinthe est probablement celle de Thésée et du Minautore. Thésée est à même de retrouver son chemin en toute sécurité dans le labyrinthe car la princesse Arianne lui a confié une pelote de fil. En déroulant le fil tout au long du trajet qui doit le mener au centre du labyrinthe où se trouve le monstre, Thésée peut s'assurer qu'il n'est pas en train de se perdre. Pour ressortir, il lui suffira de suivre le fil d'Arianne. |
Le labyrinthe : les héros sont attirés dans l'Etoile de la mort : un dédale de couloir.
Le fil d'Arianne : R2D2 |
Le labyrinthe : les héros sont dans l'hotel Lafayette, puis dans la ville (Mega-city) : un dédale de rue.
Le fil d'Arianne : Tank |
Le schéma narratif traditionnel des anciennes histoires héroiques se décline ainsi : héros-monstre-princesse.
Semblables aux chevaliers du Moyen Age, les héros vont devoir se munir d'armes et d'armures.
C'est ainsi préparé, qu'ils progresseront dans l'estomac de la Bete, avant d'avoir à mené leur mission à bien. |
Héros : Luke, Han et Chew-bacca
Monstre : Dark vador
Princesse : Leia
Munir d'armes et d'armures : les héros dépouillent des soldats de choc.
La Bete : l'Etoile de la mort |
Héros : Néo et Trinity
Monstre : les Agents
Princesse : Morpheus
Munir d'armes et d'armures : les héros s'équipent dans une armurerie sans fin.
La Bete : le batiment de la police |
Lors du parcours d'un héros, le voyage à travers le labyrinthe représente un passage à travers les voies troublantes et conflictuelles de l'esprit. Il faut atteindre le centre de l'individu. Là, on peut faire la découverte d'éléments essentiels de sa vériatble nature. C'est durant le voyage à travers le labyrinthe, que les héros vont réaliser l'importance du travail héroique en équipe et qu'ils commencent à ce comporter de façon différente. |
Travail héroique en équipe : la scène du compacteur dans l'étoile de la mort
Ce comporter de façon différente : Han qui auparavant ne se préoccupait que de sa personne, se met à courir après les soldats de choc dans un corridor, son fidèle Chew-bacca sur les talons. Luke fait franchir un precipice à Leia, dans la plus pure tradition des romans d'aventures. Luke se passe progressivement de l''adolescent infortuné à un adulte responsable. |
Travail héroique en équipe : la libération de Morpheus du batiement de police
Ce comporter de façon différente : le doute disparait pour Morpheus : Néo est l'elu. Trinity est amoureuse de l'elu. |
Dans bon nombre de contes, le héros tue le monstre du labyrinthe. Une foie cette acte héroique réalisée, le mentor ne peut guère conduire le héros plus loin. |
Dans Star War c'est l'inverse : Dark vador tue Obi-Wan Kenobi.
Plus loin : Obi-Wan a fait franchir un certain nombre de seuils préliminaires à Luke. Il lui a confié un talisman magique, lui a enseigné les rudiments de la force, lui a déniché deux partenaires et lui permet enfin de s'échapper de l'Etoile de la mort. |
Dans Matrix : Néo supprime l'Agent Smith.
Plus loin : Morpheus a fait franchir un certain nombre de seuils à Néo. Par la suite, Morpheus ne sera plus le mentor, il deviendra un capitaine (Reloaded), puis un humain (Revolutions). |
Remarque : la création du récit "La guerre des étoiles" n'est pas sans rappeler celui de Matrix. |
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Le mythe de la caverne
Ce récit célèbre apparait au livre VII de la République. Platon y relate un bien étrange récit, qui se veut un portrait en creux de la condition humaine.
L'histoire y est décrite étape par étape :
1) un descriptif de la caverne. Dans un espace fermé et éclairé par un feu, des prisonniers, enchainés depuis leur enfance, le corps et la têteimmobilisés, regardent défiler, sur la paroi de la grotte, des ombres et perçoivent des échos de voix. Ce monde carcéral, c'est notre monde, le "monde sensible" dans les termes du philosophe, un univers fait de faux-semblants, d'illusions, d'apparences. Nous nouos pensons libres, alors que nous sommes prisonniers de nos illusions ; mais, comme nous ne savons pas qu'il existe un autre monde, nous nous satisfons de notre condition, aussi médiocre soit-elle. Notre condition est équivalente à celle de prisonniers vivant au fond d'une caverne, le regard tourné vers la paroi qui leur font face. Enchaines depuis leur enfance, ils n'ont jamais vu autre chose que l'ombre des figurines qu'agitent derrière eux des montreurs de marionnettes. Mais, pour ces hommes, ce simulacre de réalité est confortable : ils ne connaissent que ça, sont habitués à accepter les choses telles qu'elles sont sans chercher à savoir s'il y a autre chose derrière ces ombres et ces échos de voix. En proie au conditionnnement , voire à l'intoxication mentale, ils sont doublement enchaînés : prisonniers et ignorants. Qui est plus esclave que l'esclave ? L'esclave qui se croit libre.
2) l'arrachement hors de la caverne : la conversion. A partir de cet état initial, Platon émet l'hypothèse d'un philosophe qui viendrait délivrer les prisonniers pour les emmener à la lumière. Ce mystérieux inconnu s'introduit dans la caverne pour libérer l'un d'entre eux, et le forcer à se trouner vers le soleil. Or, la sortie de la caverne est un véritable acharnement : cela demande des efforts considérables. Cette conversion est douloureuse car elle implique un renoncement à ce monde. Au début, le prisonnier se rebelle, refuse de faire ces efforts douloureux, mais ce personnage mystérieux le force à continuer. Comme tout apprentissage, cette étape est contraignante. Mais la connaissance est libération, le savoir rend les hommes libres.
D'abord ébloui et incapable de reconnaitre les objets dont il voyait le reflet dans la caverne, celui-ci apprendrait peu à peu à distinguer les formes. Or, si l'on détache un des prisonniers et qu'on le force à sortir de la caverne pour parvenir à la lumière du jour, il s'apercevra que les images qu'il tenait jusque-là pour la seule réalité ne sont que les ombres de figurines, mais aussi que les figurines elles-mêmes ne sont que les reproductions des objets qu'il peut alors contempler directement, à la lumière du jour. Il comprend alors que c'est le soleil qui gouverne tout dans le monde visible et qui permet à l'homme de voir les objets situés à l'exterieur de la caverne.
3) l'ascension (vers la vérité). Après avoir quitté la caverne, il suit un sentier escarpé qui mène vers le soleil. Cette ascension est lente et difficile car il faut se défaire de ses illusions, de ses habitudes. Alors seulement, il connaitra la vérité, atteindra la sagesse, le savoir ... Au final, il parviendra à contempler le Soleil, synonyme de la Vérité, une fois qu'il aura accédé à l'air libre.
4) la descente. Arrivé au sommet de son effort personnel, il ne peut y séjourner tranquillement. Après avoir approché de la vérité, il est obligé d'y renoncer. les autres, dans la caverne, vivent encore dans le mensonge et l'ignorance. Et, comme s'il n'avait pas le droit de conserver pour lui seul cette sagesse, el nouveau philosphe redescend dans la caverne. De retour, il est mal accueilli : ricanements, menaces, sarcasmes sont au programme. Les autres se liguent contre lui et le persécutent. Mais le philosophe ne peut échapper à son destin : il doit transmettre la connaissance aux autres, faire partager son message de savoir.
Mais, s'il redescend dans la caverne d'où il a été sorti, il sera aveuglé par l'obscurité, comme il l'avait été par la lumière lors de sa sortie de la caverne. Perdu au milieu des ombres, il sera incapable de se réadapter à cette environnement. Et, s'il raconte à ses compagnons qui vivent dans la caverne ce qu'il a vu, ceux-ci refuseront de la croire. Son récit ne lui vaudra que des embrouilles...
L'explication
Platon fait le portrait d'un thêatre d'ombres où ce que nous croyons réel n'est que le reflet d'une réalité supérieure... Ainsi, dans cette machinerie complexe, plusieurs niveaux sont imbriqués :
1) la scène inférieure sur laquelle jouent les ombres des marionettes et où résonne l'écho des paroles veant de l'extérieur. Les hommessont des spectateurs envoutés, fascinés par le spectacle d'ombres auxquels ils assistent.
2) le thêatre intermédiaire des marionnettes dont les prisonniers enchaines ignorent l'existence.
3) le thêatre supérieur, le réel. Le prisonnier n'y aura accès qu'une fois libéré de ses chaines.
La signification
Tant qu'ils ne sont pas éduqués, les hommes se fient à tort aux chimères que renvoient leur sens. La caverne représente le monde sensible, monde des apparences changeantes et trompeuses, à l'opposé du monde intelligible des choses vraies. Derrière la figure du prisonnierqui se libère de ses chaines, et parvient à libérer son âme vers la contemplation des objets réels, il faut voir la figure du philosophe. Le philosophe, étranger parmi les hommes, est incompris et mis à mort ... alors que son apprentissage de la connaissance lui a permis de voir la lumière...
Que retenir de cette histoire... Que l'homme est un pantin manipulé par une force supérieure qui se joue de lui... un peu comme dans la téléréalité où les candidats ignorent qu'ils ne font que jouer un scénario écrit d'avance et sur lequel ils n'ont pas de prise !
En résumé, l'histoire de Matrix est une version messianique du mythe de la caverne de Platon, dans lequel les scénaristes ont remplacé la caverne par le labyrinthe de Thésée et le mystérieux libérateur par un guide boudhiste :
Un prophete (l'Oracle) annonce l'arrivé d'un messie (Néo) qui doit libéré l'humanité du démon (la matrice). La matrice forme un labyrinthe (la caverne) emprisonant les hommes (le trésor du labyrinthe) dans un rêve. Morphée (dieu des rêves) (Morpheus) libère du labyrinthe Thésée (Néo) en le réveillant , puis en le guidant (tel Boudha : l'Eveillé). Mais le labyrinthe possède un terrible gardien (le Minotaure) (les Agents), qui réclament périodiquement un sacrifice (tous les 9 ans, 7 hommes et 7 femmes doivent être sacrifiés au Minotaure) (la destruction périodique de Zion). Pour libérer le peuple d'Athènes (l'humanité) de cette horreur, Thésée (Néo) se porte volontaire pour aller tuer le minotaure (les Agents). Pour ne pas se perdre dans le labyrinthe contruit par Dédale (l'Architecte), Thésée (Néo) utilise le fil d'Arianne (l'opérateur : Tank). En affrontant le démon, le messie (Néo) meurt, puis ressucite et finalement, Thésée (Néo) finit par tuer le Minotaure (l'Agent Smih). Néo retourne dans la caverne pour annoncer à ceux qui controle la caverne (les machines) qu'il va partager son message de savoir. |
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L'espoir
Chez l'Architecte, Néo choisit la porte de gauche et donc décide d'aller sauver Trinity. L'Architecte dit alors "L'espoir".
L'espoir est un thème repris dans plusieurs mythes classiques, notamment :
- La boite de Pandore : Pandore ouvre la boite (en réalité une jarre) et libère tous les maux qui depuis tourmantent les hommes. Pandore referma le couvercle en toute précipitation, mais il était trop tard pour les empecher de s'enfuir. Elle réussit tout de même à conserver une dernière chose dans la boite, l'Espoir.
- L'odyssée d'Ulysse : c'est l'espoir de retrouver Pénélope qui pousse Ulysse à retourner après 20 ans de périple à Ithaque. |
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Offrir à manger
Dans le royaume d'Hades (les enfers), une règle spécifie que celui qui y mange et prisonnier à jamais des enfers. Hadès fit manger un grain de grenade à Persephone, afin de l'emprisonner. Mais Zeus obligea Hadès à un compromis permettant à Persephone de quitter les enfers 6 mois de l'année.
Quelles sont les intentions du Mérovingien lorsqu'il offre à manger à Morpheus, Néo et Trinity au restaurant Le Vrai ?
Ce qu'il y a dans les assiettes de Morpheus, Néo et Trinity, a t'il été programmé par le Mérovingien, tel le gateau servit à la femme blonde ?
L'oracle de Delphes (la Pythie), machait des feuilles de lauriers et inhalait les vapeurs d'une fissure dans la terre pour révéler ensuite les messages qu'Apollon lui confiait.
Quelles sont les intentions de l'Oracle lorsqu'elle offre des coockies et des bonbons à Néo ? Et quelle sont ces intentions lorsqu'elle apprend à cuisiner à Satie ? |
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L'homme contre la machine
L'extrait qui suit de "Star Wars la magie du mythe" de Mary Henderson, s'accorde parfaitement avec "Le meilleurs des mondes" de Aldous Huxley, "Star wars" et "Matrix".
Dans ce que l'on appelle un univers "dystopique", la croyance selon laquelle le progrès ne peut arriver que par le développment technologique est considérablement altérée. Une société dominante, exploitant à fond le rationalisme, se développe parallèlement au progrès de la technique et crée un empire malfaisant au sein duquel on exerce la répression de toute expression d'humanité. La dystopie, création propre au XX siècle, puise cependant ses racines dans le concept ancien d'utopie : une communauté idéale dont les habitants vivraient en parfaite harmonie et qui servirait de modèle aux civilisations à venir. Il est évident que ce type d'Etat idéal est inatteignable. Si l'utopie est un monde imaginaire de reve, la dystopie est son équivalent cauchemardesque. L'abus de pouvoir est un thème très courant dans la fiction dystopique. Le rationalisme scientifique croit en l'ordre mais quand on pousse les choses à l'extreme, on ne peut atteindre l'ordre que dans la mise en place d'un Etat totalitaire.
La pluspart des empires maléfiques des fictions dystopiques s'abandonnent à la tentation d'abuser de leur pouvoir, dans le but d'amener une humanité erratique à un semblant d'ordre structuré. Le héros est bien celui qui est capable de résister à cet abus de pouvoir. Il doit affronter ces prétendues puissances supérieures en utilisant sa seule et unique force et la difficulté réside dans la capacité à distingue le bon combat du mauvais. Le régime nazi est un exemple de la force excessive et de la violence poussées à l'extreme. En recourant à ces moyens, on obtient une perte de l'individualité et une psychose de masse. Lorsqu'une figure autoritaire fait la promotion d'un régime de répression, les exces et les abus entrainent l'émergence de nouveaux héros, radicaux et révolutionnaires.
Dans une univers dystopique, le héros demeure dans l'enclave de l'empire maléfique. Il doit trouver un moyen de s'en sortir et se révolter contre le régime. Les histoires dystopiques se concentrent ainsi sur l'individu à même d'appréhender le vide spirituel et émotionnel de l'odre en vigueur. Il peut volontairement quitter un monde dont l'environnement est sous controle technologique pour se lancer à l'assaut des étendues sauvages. Son but est découvrir la personnalité sombre et irrationnel, le véritable humain qui se dissimule dans la machine sociale. Le héros peut alors décider d'assumer son individualisme plutôt que de devenir l'esclave d'une mécanique. C'est la menace qui pèse sur nos vies aujourd'hui : "Comment arrive-t-on à s'affirmer dans un système sans en devenir un serviteur docile ?". Campbell propose une réponse : "En conservant ses propres idéaux pour soi-même et en rejetant l'emprise impersonnelle que le sytème pourrait avoir sur vous".
La technologie est une extension du pouvoir de l'humanité à se controler et à se manipuler elle-même. Dans une dystopie, les hommes l'utilisent tel un instrument maléfique pour pervertir l'ordre naturel de la vie humaine et corrompre nos espoir et nos valeurs les plus élevés.
Cela nous met face à l'un des grands dilemmes de l'acte héroique que doivent affronter tous les héros demythologie. Comment éradiquer l'empire maléfique sans que la passion qui anime l'acte héroique devienne un acte meutrier dont l'exces pathologique serait digne des sbires de l'empire ? Le héros doit s'attacher à des principes d'autonomie et non d'autorité.
"La science commence toujours dans les mythes"
Sir Karl Popper
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L'histoire se répète
Extrait de : "Star Wars la magie du mythe" de Mary Henderson, Presse de la cité.
Star wars, Matrix, Georges Bush, Hitler, Jules César, .... l'histoire se répète, selon le vieil adage, et ces images nous font revenir en mémoire des épisodes datant de périodes historiques plus anciennes. La combinaison d'une vieille république, d'un sénat et d'un empereur rappell, s'il ne faut citer qu'un seul exemple, la Rome antique. En 48 avant Jésus-Christ, au sein d'un gouvernement républicain traditionnel, Jules César s'est proclamé dictateur temporaire de l'Epire romain, ne reconnaissant aucun autre pouvoir que le sien et mettant en lace une tradition impériale qui s'est perpétuée. Non seulement il a dissous le sénat mais il en a affaibli considérablement les pouvoirs. Quelques années plus tard, la République n'est plus... tout cela rappel le parcours d'un autre dictateur : Hitler. Prenant la tête du tout jeune parti nazi, Hitler s'est retrouvé chancelier d'Allemagne. La chancellerie s'est transformée en présidence que Hitler a métamorphosée en dictature, s'octroyant le titre de "Fuhrer", le chef suprême. Hitler a alors coupé tout contact avec le monde réel, se réfugiant dans l'isolement et ne donnant audience qu'à un tout petit groupe de priviligiés. |
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Devenir un héros
Pour devenir un héros, ce dernier doit passer par trois grandes étapes : l'homme, le militaire, le héros. Chacune de ces étapes sont alors l'occasion de montrer par ses habits, les évolutions de sa personnalité.
MYTHE CLASSIQUE |
STAR WARS |
MATRIX |
L'homme |
Un nouvel espoir

Luke est un paysan
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Matrix

Thomas Anderson est un programmeur
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Le militaire : qui sauve ses amis |
L'empire contre attaque

Luke est un chef rebelle
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Matrix

Neo mène l'assault
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Le héros : qui assume son role |
Le retour du jedi

Luke assume son côté obscur
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Reloaded

Neo assume d'être l'Elu
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Être guidé
Guidé et être guidé, demande à ce que l'on respecte quelle que règles :
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STAR WARS |
MATRIX |
Trouver son guide là où on ne l'attend pas : dans une cuisine. |
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L'éléve sera trop âgé. |
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Subir un entrainement physique et spirituel. |
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Aller sauver ses amis, lorsque sa préparation n'est pas encore achevé. |
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Etre étonné de l'apparence de son éléve quand il revient. |

"Quelle figure,
tu fais !" |

"Bonté divine,
quelle fier allure !" |
1) Le guide : réveler à son éléve sa mission finale.
2) L'éléve : annoncer que la mission est impossible.
3) Le guide : annoncer que tout est perdu dans ce cas. |
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Savoir accueillir
Savoir préparer ces entrés et accueillir ces sujets est un art :
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STAR WARS |
MATRIX |
Avoir une chaise pivotante noire et tourner le dos à ses invités lorsqu'il arrive : pour mieux préserver l' effet de surprise |
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Etre assis sur son trone, devant ses sujets debout. Et parler de manière énigmatique. |
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Savoir se retirer
Savoir se retirer du ventre de la bête est un art :
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STAR WARS |
MATRIX |
S'enfuir du ventre de la bête en ayant le feux au c.. |
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Se faire engloutir par les flammes et en resortir à la dernière seconde. |
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Littératures
Les 3 livres que les acteurs ont dû lire avant de lire le script du film Matrix :
"Simulacra and simulation" Jean Baudrillard
"Out of control" Kevin Kelly
"Evolutionary psychology" Dylan Evans & Oscar Zarate
Livres qui ont fortement inspirés les réalisateurs :
"Neuromancer" William Gibson
"Metamorphoses" Ovid
"Tibetan Book of the Dead"
"Alice in Wonderland" Lewis Carroll
"The Wizard Of Oz" Frank Baum
Films qui ont fortement inspirés les réalisateurs :
"Ghost in the shell" : une course poursuite se réalise dans un marché. Des coups de feu sont produits et des pastèques éclatent.

"Akira" : des enfants exercent leurs talents.

"Invasion Los Angeles" : des extraterrestres manipulent l'esprit des hommes (grace au ondes de la télévision) afin que leur invasion passent inaperçu. Le héros (John Nada) et un ami (Franck) rejoignent un groupe de rebel qui veut faire éclater la vérité. Le héros meurt en détruisant l'antenne de télévision et tout le monde décpouvre la présence des extraterrestres.

Matrix Reloaded
(non visible à l'écran)
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Enter the matrix
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"Invasion Los Angeles" de John Carpenter
A l'hotel, les deux héros (John Nada et Frank) occupent la chambre 202.

Les extraterrestres manipulent l'esprit des hommes via les ondes de la télévision.

John Nada fait un carnage d'extraterrestre dans une banque, décorée de marbre vert...
Tout comme Matrix, "Invasion Los Angeles" est un film d'action qui fait réflechir (et si c'était vrai ?).
"Invasion Los Angeles" est inspiré par la nouvelle " Les fascinateurs" de Ray Nelson.
"Scarface" de Brian De Palma : la scène finale de fusillade est une scène culte.

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"Le meilleur des mondes"
Aldous Huxley
Edition Le livre de poche
Dans la nouvelle préface (1946), l'auteur nous explique une possibilité (une idée philosophique) qu'il n'a pas utilisé dans son livre. Cette possibilité n'est pas sans rappeler dans Matrix, la communauté des hommes vivant à Zion.
"...
Si je devais réécrire maintenant ce livre, j'offrirais au Sauvage une troisième possibilité. Entre les solutions utopiennes et primitives de son dilemme, il y aurait la possibilité d'une existence saine d'esprit - où déjà actualisée, dans une certaine mesure, chez une communauté d'exilés et de refugiés qui auraient quitté le Meilleur des mondes et vivraient à l'intérieur des limites d'une Réserve. Dans cette communauté, l'économie serait decentraliste, à la Henry george, la politique serait kropotkinesque et coopérative. La science et la technologie seraient utilisées comme si, tel le Repos Dominical, elles avaient été faites pour l'homme, et non (comme il en est à présent, et à comme il en sera encore davantage dans le meilleur des mondes) comme si l'homme devait être adapté et asservi à elles. La religion serait la poursuite consciente et intelligente de la Fin Dernière de l'homme, la connaissance unitive du Tao ou Logos immanent, de la Divinité ou Brahman transcendante. Et la philosophie dominante de la vie serait une espèce d'Utilitarisme Supérieur, dans lequel le principe du Bonheur Maximum serait subordonné au principe de la Fin dernière - la première question qui se poserait et à laquelle il faudrait répondre, dans chacune des contingences de la vie, étant : "Comment cette pensée ou cet acte contribueront-ils ou mettront-ils obstacle à la réalisation, par moi-même et par le plus grand nombre possible d'individus, à la fin dernière de l'homme ?".
..."
En lisant l'extrait du chapitre I qui suit, rappelez vous les champs de culture humain :
"...
Les embryons ressemblent à une pellicule photographique, dit Mr. Foster d'un ton badin, ouvrant la seconde porte d'une poussée. Ils ne peuvent supporter que la lumière rouge.
Et en effet l'obscurité, où régnait une chaleur lourde dans laquelle les étudiants le suivirent alors, était visible et cramoisie, comme, par un après-midi d'été, l'est l'obscurité perçue sous les paupières closes. Les flancs bombés des flacons qui s'alignaient à l'infini, rangée sur rangée, étage par étage, étincelant en rubis innombrables, et parmi les rubis se déplaçaient les spectres rouges et vagues d'hommes et de femmes aux yeux pourprés, aux faces rutilantes de lupiques. un bourdonnement, un fracas de machines, imprimait à l'air un léger frémissement.
..."

Les analogies entre "Le meilleur des mondes" et "Matrix" s'arretent ici, car si les deux oeuvres partagent une conception du controle de l'homme, les méthodes et les objectifs de chacun des systèmes mise en place différent. Dans "Le meilleur des mondes", le système recherche la stabilité psychique, environnemental, sociétal, économique,... afin d'obtenir la docilité physique des hommes. Dans "Matrix", le système recherche la docilité physique des hommes, afin d'exploiter leurs capacités intellectuelle. Dans "Le meilleur des mondes", la docilité physique de l'homme est recherchée, alors dans "Matrix", elle est aquise. Dans "Le meilleur des mondes", la science et le progrès sont des sources d'instabilité qui sont prohibées, or dans "Matrix", la science et le progrès sont à la source du développement des machines. |
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"1984"
George Orwell
Edition Le livre de poche
En lisant l'extrait du chapitre 3 qui suit, rappelez vous la salle d'interrogatoire de Thomas Anderson :
"...
Il était dans une cellule au plafond élevé, sans fenêtres, aux murs blancs de porcelaine brillante. Des lampes dissimulées l'emplissaient d'une froide lumière et Winston entendait un bourdonnement lent et continu qui, pensa-t'il, avait probablement un rapport avec la fourniture de l'air.
..."
"...
Il y avait quatre télécrans, un dans chaque mur. Winston sentait au ventre une douleur sourde. Elle ne l'avait pas quitté depuis qu'on l'avait jeté dans un fourgon fermé et emporté.
..."

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"Neuromancien"
William GIBSON
Edition : J'ai lu
On retrouve dans le livre certains concepts, principes et noms repris dans la Trilogie :
- la "matrice" à laquelle on se branche et pour laquelle il faut ce ceinturer dans le monde réel
- l'EMP
- la glace (en anglais : ICE) (dans le roman : ICE pour Intrusion Countermeasure Electronics) (dans Reloaded : ICE nom du capitaine de l'hovercraft Gnose)
- Sion (dans le roman, Sion est un amas satellitaire dans l'espace. le nom de Sion est une référence à la Jamaique, à l'esprit rasta, au lion de Sion)
- des Intelligences Artificielle (IA) qui manipulent les hommes pour arriver à leurs fins, dans le monde réel et dans la matrice
- des Intelligences Artificielle (IA) qui ne peuvent pas lire dans les pensées des hommes mais qui peuvent prédire leurs actions
- une Intelligence Artificielle (IA) qui est un Deus Ex Machina
- le personnage principal est un hacker
Si le roman de GIBSON a indéniablement inspiré les auteurs de la Trilogie, c'est avant tout par les concepts exposés, que par l'histoire ou l'ambiance qui n'ont pas grand chose en commun. |
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"Le livre tibétain de la vie et de la mort"
Sogyal Rinpoché
Editions de la Table Ronde.
Titre original : "the tibetan book of living & dying" (1992)
Si "Le livre des morts tibétains" est la référence sur le sujet, son accès pour un non initié est difficile. C'est pourquoi Sogyal Rinpoché publie en 1992 "Le livre tibétain de la vie et de la mort" qui a pour objectif d'expliqué clairement et simplement le "Le livre des morts tibétains".
Tout comme dans Matrix, Sogyal Rinpoché fait allusion dans son l ivre à "Alice aux pays des merveilles".
Chapitre 2 : L'impermanence
"Cela ne met-il pas le doigt sur un aspect fondamentalement tragique de notre mode de vie ? Nous vivons sous une identité d'emprunt, dans un monde névrotique de comte de fées qui n'a pas plus de réalité que la tortue fantaisie d'Alice au Pays des Merveilles. Grisés par l'ivresse de construire, nous avons bati la demeure de notre existence sur du sable."
En lisant l'extrait qui suit, rappelez vous dans Matrix, la scene du dojo dans laquelle Morpheus et Néo se battent, et au moment où Morpheus dit à Néo "Tu penses respirer de l'air ?".
Chapitre 4 : La nature de l'esprit
"La seconde occassion fut plus formelle ; elle eut pour cadre une grotte située à Lhodrak Kharchu, où avait médité Padmasambhava, père du boudhisme tibétain et saint vénéré dans le pays tout entier. Nous y avons fait halte lors de notre pèlerinage à travers le Tibet du sud. J'étais agé de neuf ans à l'époque. Mon maître me fit appeler et me dit de m'asseoir en face de lui. Nous étions seuls. Il déclara : "Maintenant, je vais te donner l'introduction à la "nature essentielle de l'esprit"." Prenant sa cloche et son damaru*, il psalmodia l'invocation à tous les maîtres de la lignée, depuis le Boudha primordial jusqu'à son propre maître. Puis il me donna l'introduction. Soudain, à brûle-pourpoint, il me posa cette question sans réponse : "qu'est ce que l'esprit ?", tandis qu'il plongeait intensément son regard dans le mien. Je demeurai interdit. Mon esprit avait volé en éclats : il ne restait plus de mots, plus de noms, plus de pensées - en fait, il ne restait plus d'esprit du tout.
Que s'était-il passé en cet instant stupéfiant ? Les pensées du passé avaient disparu, celles à venir ne s'étaient pas encores élevées ; le courant de mes pensées avait été tranché net. Dans cet état d'intance saisissement, une brèche s'était ouverte et, dans cette brèche, se révélait une pure conscience libre de toute saisie, simple, nue et fondamentale. Et pourtant, en même temps, de sa simplicité dépouillée rayonnait la chaleur d'une compassion immense."
Tout comme dans Matrix, Sogyal Rinpoché argumente l'universalité et l'importance de la Trinité.
Chapitre 21 : Le processus universel
Paragraphe : L'énergie de la joie
"...
Plus j'approfondis ma réflexion concernant les trois kayas et le triple processus des bardos, plus j'y découvre des parallèles déconds et intrigants avec ce qui est au coeur de la vision d'autres traditions spirituelles, ainsi qu'avec de nombreux champs d'activité humaines, apparemment très différents. Je pense à la conception chrétienne de la nature et de l'activité de Dieu telle qu'elle est représentée par la Trinité : le Christ, incarnation qui se manifeste comme une forme issue du Père - la base - par le biais subtil de l'esprit Saint. Ne serait-il pas pour le moins enrichissant de concevoir le Christ comme semblable au Nirmanakaya, l'Esprit Saint apparenté au Sambhogakaya, et la base absolue de l'un et l'autre analogue au Dharmakaya ? Dans la tradition boudhiste tibétaine, le mot tulku - incarnation - signifie en fait Nirmanakaya, c'est à dire la personnification et l'activité, réapparaissant sans cesse, de l'énergie de la compassion et de l'éveil. Cette compréhension n'est-elle pas fort semblable à la notion chrétienne d'incarnation ?
Je pense aussi à la conception triple de l'essence de Dieu ches les Hindous, appelée en sanscrit satcitananda (sat-chit-ananda), que l'on peut traduire approximativement par "manifestation, conscience et béatitude". Pour les Hindous, Dieu est l'explosion simultanée et extatique de ces forces et puissances réunies. Là encore, d'étonnants parallèles pourraient être établis avec la vision des trois kayas : le Sambhogakaya pourrait être comparé à anada - l'énergie de béatitude de la nature de Dieu -, le Nirmanakaya à sat, et le Dharmakaya à cit. Quiconque a contemplé la grandiose sculpture de Shiva dans les grottes d'Eléphanta en Inde, avec ses trois visages représentant les trois visage de l'absolu, aura une certaine idée de la splendeur et de la majesté de cette vision du divin.
..."
Chapitre 21 : Le processus universel
Paragraphe : Déploiement d'une vision de plénitude
"...
J'ai été amené, au cours des années, à rencontrer à maintes reprises des hommes de science appartenant à toutes les disciplines, et je suis de plus en plus frappé par la richesse des parallèles qui existent entre les enseignements du boudha et les découvertes de la physique moderne.
..."
"...
Une exploration plus approfondie des idées de David Bohm montrerait peut-être que sens, énergie et matière ont entre eux un rapport similaire à celui qui existe entre les trois kayas. Cela ne poourrait il suggérer que le role du sens, tel qu'il le décrit, montre une analogie avec le Dharmakaya, cette totalité inconditionnéeet d'une fécondité incessante d'où s'élèvent toutes choses ? Le fonctionnement de l'énergie, par l'intermédiaire de laquelle sens et matière sont en intéraction, a une certaine affinité avec le Sambhogakaya, jaillissement spontané et constant ayant pour origine la base de la vacuité ; et la création de la matière, selon la vision de David Bohm, présente des ressemblances avec le Nirmanakaya, cristallisation continue de cette énergie en forme et en manifestation.
..."
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"Les thanatonautes "
Bernard Werber
Editions Le livre de poche.
(1994)
Le premier thanatodrome (lieu d'où décolle les thanatonautes) n'est pas sans rappelé le lieu de branchement à la matrice du Nebuchadnezzar.
"...
Au centre de la pièce, tronait un vieux fauteuil de dentiste, par endroits crevé, et cerné de machines encombrées de fils électriques torsadés et d'écrans clignotants.
L'ensemble ressemblait au garage d'un bricoleur du dimanche. A voir l'état des appareils, les manettes et les leviers rouillés, je me demandais même si raoul n'avait pas fait les poubelles des universités. Les écrans des oscilloscopes étaient fendillés, les électrodes des cardiographes noircis par l'âge.
..."
Bernard Werber ponctue son roman d'extrait de livré sacré, dont le Bardo Thodol "Le livre des morts tibétains". L'un des extraits aborde le sujet des vibrations, et l'auteur applique ce principe aux ondes radios. Dans Révolutions, Néo exploite lui aussi ce principe pour se retrouver dans Mobil Ave sans être physiquement branché à la matrice.
"...
155 - Mythlogie Tibétaine
Vibration : tout émet, tout vibre. La vibration varie selon le genre.
Minéral : 5 000 vibrations par seconde.
Végétal : 10 000 vibrations par seconde.
Animal : 20 000 vibrations par seconde.
Humain : 35 000 vibrations par seconde.
Ame : 49 000 vibrations par seconde.
Au moment de la mort, le corps astral se sépare du corps physique car il ne peut supporter l'abaissement des vibrations de son enveloppe charnelle.
Enseignement du Bardo Thodol.
Extrait de la thèse La mort cette inconnue, par Francis Razorbak.
..."
"...
Stefania s'installa en position du lotus sur le trone d'envol...
...Lorsqu'elle sentit que sa concentration était suffisante pour lui insuffler le calme indispensable au décollage, elle saisit la poire de l'interrupteur des boosters et sa bouche articula doucement :
- Six... cinq.. quatre... trois... deux... un. Décollage !
Le récepteur radio branché sur la fréquence de 86,4 kilo-hertz émit une sorte de plainte. Le son d'une "âme qui décolle"!
..."
L'approche de l'auteur concernant la signification de l'Elu, n'est pas sans rappeler celle aborder dans Matrix.
"...
Nous avions le choix : nous pouvions considérer les anges comme des saints, des Lamed vav ou Bodhisattvas, des Bouddhas, des Elus, ou des Tsadiks. Leurs désignations variaient selon les religions. C'étaient des parfaits qui avaient réussi leur vie et pouvaient sortir du cycle des réincarnations mais qui avait malgré tout préféré se consacrer à la gestion des âmes en transit.
..."
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"Traité d'athéologie"
Michel Onfray
Editions Grasset.
(2005)
Si ce livre n'a pas pu etre une source d'inspiration pour la Trilogie, il explique de manière claire, une idée qui est peut être sous-jacente aux films.
Pour rappel :
- Zion : de nombreux éléments reprennent des concepts de l'Islam (en se déchausse pour pénétrer dans le Temple / absence d'art figuratif /...) . La grande majorité des habitants de Zion sont noirs. Les discours solannels se font au Temple et non dans un endroit laïque. Dans la salle du conseil, les conseillers (personnes agées) jugent, posent des questions et ordonnent sans explication... loin des principes démocratique.
- Matrice : la cité qui emprisonne l'homme dans un univers capitaliste dicté par une morale judéo-chrétienne (à l'image de la société américaine sur laquelle est copié la Matrice). La grande majorité des habitants de la Matrice sont blancs.
Quatrième partie, troisième section, chapitre 9 :
"...
9
Fascisme de renard, fascisme de lion. Le XXIe siècle s'ouvre sur la lutte sans merci.
D'un coté un Occident judéo-chrétien libéral, au sens économique du terme, brutalement capitaliste, sauvagement marchand, cyniquement consumériste, producteur de faux biens, ignorant toute vertu, viscéralement nihiliste, sans foi ni loi, fort avec les faibles, faible avec les forts, rusé et machiavélique avec tous, fasciné par l'argent, les profits, à genoux devant l'or pourvoyeur de tous les pouvoirs, générateur de toutes les dominations - corps et âme confondus. Selon cet ordre, c'est liberté théorique pour tous, en fait, liberté seulement pour une poignée, très peu, pendant que les autres la plupart, croupissent dans la misère, la pauvreté, l'humiliation.
De l'autre, un monde musulman pieux, zélé, brutal, intolérant, violent, impérieux et conquérant. Fascisme de renard contre fascisme de lion, l'un faisant ses victimes en post-moderne avec des armes inédites, l'autre en recourant à un hyper-terrorisme de cutters, d'avions détournés et de ceintures d'explosifs artisanales. Dieu revendiqué par les deux camps, chacun souscrivant à l'ordalie des primitifs. Axe du bien contre axe du mal, à fronts perpétuellement renversés...
Cette guerre se mène entre religions monothéistes. D'un coté, juifs et chrétiens, nouveaux croisés; de l'autre, les musulmans, sarasins post-modernes. Faut-il choisir son camp ? opter pour le cynisme des uns sous prétexte de combattre la barbarie des autres ? Entrant naguère dans le manichéisme et acceptant l'enfermenent dans ce piège, Michel Foucault salua la perspective d'une politique spirituelle de la révolution iranienne parce qu'elle offrait une alternative à ce qu'il nommait les "systèmes planétaires" - en 1978 on ne parle pas encore de mondialisation. En revanche, dès cette époque, Foucault remarque que la question de l'islam politique est essentielle pour l'époque, mais aussi pour les années à venir. Dont acte.
..."
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"L'existentialisme est un humanisme"
Jean-Paul Sartre
Dans Reloaded, chez l'Architecte, Neo est confronté à un dilemme très proche d'un exemple cité par Jean-Paul Sartre :
"...
Pour vous donner un exemple qui permette de mieux comprendre le délaissement, je citerai le cas d'un de mes élèves qui est venu me trouver dans les circonstances suivantes : son père était brouillé avec sa mère, et d'ailleurs inclinait à collaborer, son frère frère ainé avait été tué dans l'offensive allemande de 1940, et ce jeune homme, avec des sentiments un peu primitifs, mais généreux, désirait le venger. Sa mère vivait seule avec lui, très affligée par la demi-trahison de son père et par la mort de son fils aîné, et ne trouvait de consolation qu'en lui. Ce jeune homme avait le choix, à ce moment-là, entre partir pour l'Angleterre et s'engager dans les Forces Françaises Libres - c'est à dire, abondonner sa mère - ou demeurer auprès de sa mère, et l'aider à vivre. Il se rendait bien compte que cette femme ne vivait que par lui et que sa disparition - et peut-être sa mort - la plongerait dans le désespoir. Il se rendait aussi compte qu'au fond, concrétement, chaque acte qu'il faisait à l'égard de sa mère avait son répondant, dans ce sens qu'il l'aidait à vivre, au lieu que chaque acte qu'il ferait pour partir et combattre était un acte ambigu qui pouvait se perdre dans les sables, ne servir à rien : par exemple, partant pour l'Angleterre, il pouvait rester indéfiniment dans un camp espagnol, en passant par l'Espagne ; il pouvait arriver en Angleterre ou à Alger et être mis dans un bureau pour faire des écritures. Par conséquent, il se trouvait en face de deux types d'actions très différentes : une concrète, immédiate, mais ne s'adressant qu'à un individu ; ou bien une actionqui s'adressait à un ensemble infiniment plus vaste, une collectivité nationale, mais qui était par là même ambigue, et qui pouvait être interrompue en route. Et, en même temps, il hésitait entre deux types de morales. D'une part, une morale de la sympathie, du dévouement individuel ; et d'autre part, une morale plus large, mais d'une efficacité plus contestable. Il fallait choisir entre les deux. Qui pouvait l'aider à choisir ?...
...Personne...
...Si les valeurs sont vagues, et si elles sont toujours trop vastes pour le cas précis et concret que nous considérons, il ne nous reste qu'à nous fier à nos instincts. C'est ce que ce jeune homme a essayé de faire...
...S'il vient vous demander conseil, c'est qu'il a déjà choisi la réponse. Pratiquement, j'aurais très bien pu lui donner un conseil ; mais puisqu'il cherche la liberté, j'ai voulu le laisser décider. Je savais du reste ce qu'il allait dire, et c'est ce qu'il a fait. "
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"Simulacres et Simulation"
Jean Baudrillard
Dans Matrix, Néo cache des programmes pirates dans un livre. Ce livre est "Simulacres et Simulation" de Jean Baudrillard. Néo ouvre le livre au chapitre "On Nihilism" ("Sur le nihilisme") . On remarque que dans l'édition original le chapitre débute à droite et dans le film à gauche. On remarque aussi que dans l'édition original ce chapitre est le dernier du livre alors qu'il est situé au milieu dans le film.

Extrait de "Simulacres et simulation", Chapitre 18, Paragraphe 1
"...
Sur le nihilisme
Le nihilisme n'a plus les couleurs sombres, wagnériennes, splengleriennes, fuligineuses, de la fin du siècle. Il ne procède plus d'une Weltanschauung de la décadence ni d'une radicalité métaphysique née de la mort de Dieu et de toutes les conséquences qu'il faut en tirer. Le nihilisme est aujourd'hui celui de la transparence, et il est en quelque sorte plus radical, plus crucial que dans ses formes antérieures et historiques, car cette transparence, cette flottaison est indissolublement celle du système, et celle de toute théorie qui prétend encore l'analyser. Quand Dieu est mort, il y avait encore Nietzsche pour le dire, - grand nihiliste devant l'Eternel et le cadavre de l'Eternel. Mais devant la transparence simulée de toutes choses, devant le simulacre d'accomplissement matérialiste ou idéaliste du monde dans l'hyperréalité (Dieu n'est pas mort, il est devenu hyperréel), il n'y a plus de Dieu théorique et critique pour reconnaitre les siens.
L'univers, et nous tous, sommes entrés vivants dans la simulation, dans la sphère maléfique, même pas maléfique, indifférente, de la dissuasion : le nihilisme, de façon insolite, s'est entièrement réalisé non plus dans la destruction, mais dans la simulation et la dissuasion. De phantasme actif, violent, de mythe et de scène qu'il était, historiquement aussi, il est passé dans le fonctionnement transparent, faussement transparent, des choses. Que reste-t-il donc de nihilisme possible en théorie ? Quelle nouvelle scène peut s'ouvrir, où pourrait se rejouer le rien et la mort comme défi, comme enjeu ?
Nous sommes dans une position nouvelle, et sans doute insoluble, par rapport aux formes antérieures du nihilisme :
Le Romantisme en est la première grande apparition : il correspond, avec la Révolution des Lumières, à la destruction de l'ordre des apparences.
Surréalisme Dadaisme, l'absurde, le nihilisme politique, en sont la deuxième grande manifestation, qui correspond à la destruction de l'ordre du sens.
Le premier est encore une forme esthétique de nihilisme (dandysme), le second une forme politique, historique et métaphysique (terrorisme).
Ces deux formes ne nous concernent plus qu'en partie, ou pas du tout. Le nihilisme de la transparence n'est plus ni esthétique, ni politique, il n'emprunte plus ni à l'extermination des apparences, ni à celle du sens les derniers feux, ou les dernières nuances d'une apocalypse. Il n'y a plus d'apocalypse (seul le terrorisme aléatoire tente encore de le réfléchir, mais justement il n'est plus politique, et il n'a plus qu'un mode d'apparition qui est en même temps un mode de disparition : les media - or les media ne sont pas une scène où quelque chose se joue - c'est une bande, une piste, une carte perforée dont nous ne sommes même plus spectateurs : récepteurs). Finie l'apocalypse, aujourd'hui c'est la précession du neutre, des formes du neutre et de l'indifférence. Je laisse à penser s'il peut y avoir un romantisme, une esthétique du neutre. je ne le crois pas - tout ce qui reste, c'est la fascination pour les formes désertiques et indifférentes, pour l'opération même du système qui nous annule. Or, la fascination (à l'opposé de la séduction qui s'attachait aux apparences, et de la raison dialectique qui s'attachait au sens) est une passion nihiliste par excellence, c'est la passion propre au mode de disparition. Nous sommes fascinés par toutes les formes de disparition, de notre disparition. Mélancoliques et fascinés, telle est notre situation générale dans une ère de transparence involontaire. |
..."
Dans Matrix, Morpheus site l'expression "le désert du réel", lorsqu'il explique à Neo ce qu'est la matrice :
Extrait de "Simulacres et simulation", Chapitre 1
"...
Aujourd'hui l'abstraction n'est plus celle de la carte, du double, du miroir ou du concept. La simulation n'est plus celle d'un territoire, d'un être référentiel, d'une substance. Elle est la génération par les modèles d'un réel sans origine ni réalité : hyperréel. Le territoire ne précède plus la carte, ni ne lui survit. C'est désormais la carte qui précède le territoire précession des simulacres, c'est elle qui engendre le territoire et s'il fallait reprendre la fable, c'est aujourd'hui le territoire dont les lambeaux pourrissent lentement sur l'étendue de la carte. C'est le réel, et non la carte, dont des vestiges subsistent ça et là, dans les déserts qui ne sont plus ceux de l'Empire, mais le nôtre. Le désert du réel lui même. |
..."
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"Mots de passe"
Jean Baudrillard
Si le livre "Simulacres et simulation" a indiscutablement influencé les réalisateurs, il reste néanmoins très difficile à comprendre. Le livre "Mots de passe" fournit quelle que clefs de compréhension plus accessible.
Extrait de "Mot de passe" de Jean Baudrillard, édition Pauvert :
"...
LE VIRTUEL
Dans son acception courante, le virtuel s'oppose au réel, mais sa soudaine émergence, par le biais des nouvelles technologies, donne le sentiment que, désormais, il en marque l'évanouissement, la fin. Pour ma part, je l'ai déjà dit, faire advenir un monde réel, c'est déjà le produire, et le réel n'a jamais été qu'une forme de simulation. On peut certes faire qu'il existe un effet de réel, un effet de vérité, un effet d'objectivité, mais, en soi, le réel n'existe pas. Le virtuel n'est alors qu'une hyperbole de cette tendance à passer du symbolique au réel - qui en est le degré zéro. En ce sens, le virtuel recoupe la notion d'hyper-réalité. La réalité virtuelle, celle qui serait parfaitement homogénéisée, numérisée, « opérationnalisée », se substitue à l'autre parce qu'elle est parfaite, contrôlable et non contradictoire. Donc parce qu'elle est plus « achevée », elle est plus réelle que ce que nous avons fondé comme simulacre.
Reste que cette expression de « réalité virtuelle » est un véritable oxymore. Nous ne sommes plus dans la bonne vieille acception philosophique où le virtuel était ce qui est destiné à devenir actuel et où s'instaurait une dialectique entre ces deux notions. Maintenant, le virtuel est ce qui tient lieu de réel, c'en est la solution finale dans la mesure où, à la fois, il accomplit le monde dans sa réalité définitive et il en signe la dissolution.
À ce terme, cest le virtuel qui nous pense : plus besoin d'un sujet de la pensée, d'un sujet de l'action, tout se passe au travers de médiations technologiques. Mais le virtuel est-il ce qui met définitivement fin à un monde du réel et du jeu, ou bien fait-il partie d'une expérimentation avec laquelle nous jouons ? Est-ce que nous ne nous jouons pas la comédie du virtuel, avec un soupçon d'ironie, comme dans la comédie du pouvoir ; Cette immense installation de la virtualité, cette performance au sens artistique, n'est-elle pas, au fond, une nouvelle scène où des opérateurs ont remplacé des acteurs ? Il n'y aurait alors pas à y attacher plus de croyance qu'à n'importe quelle autre organisation idéologique. Hypothèse plutôt rassurante : tout cela ne serait pas finalement très sérieux, et l'extermination de la réalité rien moins qu'avérée.
Mais si notre monde s'invente effectivement son double virtuel, il faut voir que c'est l'accomplissement d'une tendance qui a commencé il y a bien longtemps. La réalité, on le sait, n'a pas existé de tout temps. On n'en parle que depuis qu'il y a une rationalité pour la dire, des paramètres qui permettent de la représenter par des signes codés et décodables.
Dans le virtuel, il n'est plus question de valeur, il est simplement question de mise en information, de mise en calcul, d'une computation généralisée où les effets de réel disparaissent. Le virtuel serait vraiment l'horizon du réel - comme on parle de l'horizon des événements en physique. Mais on peut également penser que tout cela n'est qu'un détour pour un enjeu encore indiscernable.
Il y a aujourd'hui une véritable fascination pour le virtuel et toutes ses technologies. Sil est véritablement un mode de disparition, ce serait un choix - obscur, mais délibéré - de l'espèce elle-même : celui de se cloner corps et biens dans un autre univers, de disparaître en tant quespèce humaine à proprement parler pour se perpétuer dans une espèce artificielle qui aurait des attributs beaucoup plus performants, beaucoup plus opérationnels. Est-ce l'enjeu ?
Je pense à cette fable borgésienne du peuple qui a été ostracisé, repoussé de l'autre côté du miroir, et qui n'est plus que le reflet de l'empereur qui l'a asservi. Tel serait le grand système du virtuel, et tout le reste ne serait plus que des espèces de clones, du rejet, de l'abjection. Mais dans la fable, ces peuples se mettent à ressembler de moins en moins à leur dominateur, et un jour, ils repassent de ce côté-ci du miroir. Alors, dit Borges, ils ne seront plus vaincus. Peut-on supposer une catastrophe de ce genre, et en même temps cette sorte de révolution à la puissance trois ? Pour ma part, je vois davantage une telle hypertrophie du virtuel qu'on en viendrait à une forme d'implosion. À quoi laisserait-elle la place ? Il est difficile de le dire parce que, au-delà du virtuel, je ne vois rien, sinon ce que Freud appelait le nirvana, un échange de substance moléculaire et rien de plus. Ne resterait qu un système ondulatoire parfait, qui rejoindrait le corpusculaire dans un univers purement physique n'ayant plus rien d'humain, de moral ni évidemment de métaphysique. On serait ainsi revenu à un stade matériel, avec une circulation insensée des éléments...
Pour abandonner la science-fiction, on ne peut quand même que constater la singulière ironie qu'il y a dans le fait que ces technologies, que l'on réfère à l'inhumanité, à l'anéantissement, seront finalement peutêtre ce qui nous tiendra quittes du monde de la valeur, du monde du jugement. Toute cette lourde culture morale, philosophique, que la pensée radicale moderne s'est métaphysiquement évertuée à liquider au terme d'un labeur éreintant, la technique l'expulse pragmatiquement et radicalement avec le virtuel.
Au stade où nous en sommes, on ne sait si - point de vue optimiste - la technique arrivée à un point d'extrême sophistication nous libérera de la technique elle-même, ou bien si nous allons à la catastrophe. Encore que la catastrophe, au sens dramaturgique du terme, c'est-à-dire le dénouement, puisse avoir, selon les protagonistes, des formes malheureuses ou heureuses. |
..."
Extrait de "Mot de passe"de Jean Baudrillard, édition Pauvert :
"...
L'ALÉATOIRE
L'aléatoire - à quoi j'adjoindrais le fractal, le catastrophique - fait partie de ces théories modernes qui prennent en compte les effets imprévisibles des choses ou, tout au moins, une certaine dissémination des effets et des causes telle que les repères disparaissent. Nous sommes dans un inonde aléatoire, un monde où il n'y a plus un sujet et un objet répartis harmonieusemient dans le registre du savoir. Quant aux phénomènes aléatoires, ils ne sont pas seulement dans les choses, dans les corps matériels : nous faisons partie nous aussi du microcosme moléculaire par notre pensée même - et c'est ce qui crée l'incertitude radicale du monde. Si nous avions affaire à une matière aléatoire, à des effets physiques aléatoires, mais à une pensée, elle, homogène et unidirectionnelle, il existerait encore une bonne dialectique du sujet et de l'objet, mais nous sommes désormais tombés dans une pensée aléatoire qui ne nous permet plus que d'émettre des hypothèses, qui ne peut plus prétendre à la vérité. C'est déjà le cas pour les sciences microphysiques, on le sait. Mais je crois que ce l'est également pour notre réflexion, notre analyse actuelle de la société, du politique... On ne peut plus qu'aller audevant de processus aléatoires grâce à une pensée elle-même aléatoire, ce qui est un exercice tout à fait différent de la classique pensée discursive qui avait fondé la philosophie traditionnelle. Cette nouvelle démarche n'est pas sans périls. Que peut-on nommer " événements " quand règne un développement chaotique, avec des causes ou des conditions initiales minimales, infinitésimales, et des effets prodigieux au niveau mondial ? En ce sens, le phénomène de la mondialisation en lui-même est aléatoire et chaotique, au point que personne ne peut le contrôler ni prétendre le soumettre à une stratégie.
Le fractal est aussi au centre de notre monde. je ne parlerai pas des théories de Mandelbrot, que je ne connais pas assez, mais cette reproduction indéfinie d'une même microforme, d'une même formule, évoque notre situation dans la mesure où nous sommes des particules infinitésimales, où toute l'information concentrée dans chaque particule n'a plus quà proliférer selon une formule identique.
Le phénomène de masse, tel quon l'identifiait en sociologie, était d'un phénomène fractal, un phénomène virtuel, un phénomène viral. Toutes ces dimensions, qui ont eu leur phase historique d'émergence, se retrouvent dans la physique des masses. N'y aurait-il plus donc qu'un individu fractal, c'est-à-dire non pas divisé - ce qui lui assurait encore une intégrité, même problématique -, mais disséminé, multiplié à l'infini ? Culturellement, l'individu est déjà cloné, il n'a pas besoin de l'être génétiquement, biologiquement. Peut-être le sera-t-il, mais de toute façon il l'est déjà mentalement et culturellement : cette évolution est tout à fait perceptible.
Face à ces formes chaotiques et catastrophiques, et à leur processus d'exponentialité, on constate que le macrocosme humain, qu'on pensait universaliser grâce à une maîtrise du monde par la rationalité, est devenu une bulle à l'intérieur d'un microcosme complètement incontrôlable, qui est d'ordre microphysique, aléatoire. La règle est désormais le moléculaire, l'aléatoire. Quant au réel, au sens, à la vérité, ils sont l'exception -c'est-à-dire un mystère. Comment cet effet de vérité, cet effet de réel peuvent-ils avoir quelque part, dans une infime localisation de l'univers, pris naissance et duré si peu que ce soit-même s'ils sont en voie de disparition ? |
..."
Extrait de "Mot de passe" de Jean Baudrillard, édition Pauvert :
"...
LE DESTIN
Le destin, j'en donnerais volontiers une image empruntée au domaine géographique, celle du partage des eaux - le fameux continental divide à partir duquel, aux États‑Unis, certaines eaux partent vers le Pacifique et d'autres vers t'Atlantique. Par cette division, à un moment donné, deux éléments se séparent irréversiblement, semblet-il, et ne se rejoindront jamais plus. La division est définitive. On peut dire la même chose de la naissance, qui est une séparation définitive. Quelque chose prend forme d'existence, quelque chose ne le prend pas - et ce qui n'est pas né en même temps deviendra l'autre, et le restera.
Le destin serait donc une forme de séparation définitive, irréversible. Mais une sorte de réversibilité fait que les choses séparées resteront complices. L'ultra-microphysique parle à la fois de la séparabilité et de l'inséparabilité des particules. Où qu'elles aillent, et bien qu'elles divergent définitivement, chaque particule reste liée, connectée à son anti-particule. Je ne saurais pas pousser très loin la comparaison, on s'en doute, mais elle rend compte de ce qui nous apparaît du destin dans la tragédie, où il est la forme de ce qui naît et de ce qui meurt sous le même signe. Et le signe qui amène à la vie, à l'existence, est aussi celui qui mène à la mort. Ce sera donc sous le même signe fatal que les choses commenceront et finiront. Cest le sens de cette fameuse histoire, la mort à Samarcande... Sur la place d'une ville, un soldat voit la mort lui faire signe, il prend peur, va chez le roi et lui dit : « La mort m'a fait signe, je m'enfuis le plus loin possible, je fuis vers Samarcande. » Le roi convoque la mort pour demander pourquoi elle a terrifié son capitaine. Et la mort lui dit : « je n'ai pas voulu lui faire peur, je voulais simplement lui rappeler que nous avions rendez-vous ce soir - à Samarcande. » Le destin a ainsi une forme en quelque sorte sphérique : plus on s'éloigne d'un point, plus on s'en rapproche. Le destin n'a pas à proprement parler d'«intentions», mais on a parfois l'impression que pendant que se déroule une vie de gloire et de succès, quelque part, obscurément, un dispositif travaille à l'envers et fait sombrer, de manière imprévisible, l'euphorie dans le drame. L'événement fatal n'est pas celui qu'on peut expliquer par des causes, clest celui qui, à un moment donné, contredit toutes les causalités, qui vient d'ailleurs mais avait cette destination secrète. Ainsi, on peut trouver des causes à la mort de Diana et tenter de réduire l'événement à ces causes. Mais c'est toujours un alibi que de convoquer les causes pour justifier les effets : on n'épuisera pas de cette façon le sens ou le non-sens d'un événement. Or, dans ce cas, ce qui constitue l'événement est un retournement du positif en négatif, un renversement qui fait que, lorsque les choses sont trop fastes, elles deviennent funestes, comme si oeuvrait silencieusement une force sacrificielle collective. Le destin est toujours le principe de réversibilité en acte. En ce sens, je dirais que c'est le monde qui nous pense, non pas sur un mode discursif mais à l'envers, contre tous nos efforts pour le penser, lui, à l'endroit. Chacun de nous en trouverait facilement des exemples. Même dans les coïncidences, il y a tout un art. Quand la psychanalyse parle de lapsus, de substitution de termes dans le mot d'esprit, cela relève aussi d'un art de la coïncidence : à un moment donné, il y a une attraction étrange entre des signifiants, et c'est ce qui fait événement psychique.
J'imaginerais volontiers, comme contrepied de cet univers complètement informatisé qu'on nous donne à voir ou à prévoir, un monde qui ne serait plus que coïncidences. Un tel monde ne serait pas un monde du hasard et de l'indétermination, mais un monde du destin. Toutes les coïncidences sont en quelque sorte prédestinées. S'opposerait alors à la destination, à ce qui a une finalité claire, le destin, c'est-à-dire ce qui a une destination secrète, une prédestination - sans aucun sens religieux. La prédestination dirait : tel moment est prédestiné à tel autre, tel mot à tel autre, comme dans un poème où on a l'impression que les mots ont toujours eu vocation de se rejoindre.
De même, dans la séduction, il y a une forme de prédestination : entre le féminin et le masculin, je ne pense pas qu'il n'y ait qu'une relation différentielle, il y a aussi une forme de destin. On est toujours destiné à l'autre, c'est un échange, une forme duelle et non, contrairement à la conception qu'on en a généralement, un destin individuel. Le destin, c'est cet échange symbolique entre nous et le monde qui nous pense et que nous pensons, où ont lieu cette collision et cette collusion, ce télescopage et cette complicité des choses entre elles.
Là est le crime, et la dimension tragique. La punition est immanquable : il y aura une réversibilité qui fera que quelque chose, làdedans, sera vengé. Canetti le dit: « La vengeance, ce n'est pas la peine de la vouloir, elle se fera, elle se fait automatiquement, par la réversibilité des choses. » Telle est la forme du destin. |
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"Panoptique"
Jeremy Bentham
Anglais 1748-1832
Pose les bases de la pensée utilitariste. Contre les usages de son époque, a souhaité que son cadavre fût disséqué pour être utile à la science, puis son squelette habillé et exposé dans les couloirs de l'université de Londres, où il est toujours.
Le concept du panoptique n'est pas sans rappelé la salle de l'Architecte.
Extrait de Panoptique (1839), trad. F.-E. Morin et M. Perrot, Belfond, 1977.
"...
Voir, contrôler, donc maîtriser
Si l'on trouvait un moyen de se rendre maître de tout ce qui peut arriver à un certain nombre d'hommes, de disposer tout ce qui les environne, de manière à opérer sur eux l'impression que l'on veut produire, de s'assurer de leurs actions, de leurs liaisons, de toutes les circonstances de leur vie, en sorte que rien ne pût échapper ni contrarier l'effet désiré, on ne peut pas douter qu'un moyen de cette espèce ne fût un instrument très-énergique et très-utile que les gouvernements pourraient appliquer à différents objets de la plus haute importance.
L'éducation, par exemple, n'est que le résultat de toutes les circonstances auxquelles un enfant est exposé. Veiller à l' éducation d'un homme, c'est veiller à toutes ses actions : c'est le dans une position où on puisse influer sur lui comme on le veu par le choix des objets dont on l'entoure et des idées qu'on naître.
Mais comment un homme seul peut-il suffire à veiller par ite ment sur un grand nombre d'individus ? Comment même grand nombre d'individus pourrait-il veiller parfaitement sur seul ? Si l'on admet, comme il le faut bien personnes qui se relayent, il n'y a plus d'unité dans leurs instru tions, ni de suite dans leurs méthodes.
On conviendra donc facilement qu'une idée aussi serait celle qui donnerait à un seul homme un pouvoir d surveillance qui, jusqu'à présent, a surpassé les forces réunies d' grand nombre. [...]
Construction du Panoptique
Une maison de pénitence sur le plan que l'on vous propos un bâtiment circulaire ; ou plutôt, ce seraient embdités l'un dans l'autre. Les appartemens formeraient le bâtiment de la circonférence sur une hauteur six étages : on peut se les représenter comme des cellules ouve du côté intérieur, parce qu'un grillage de fer peu massif les exp en entier à la vue. Une galerie à chaque étage établit la connu cation; chaque cellule a une porte qui s'ouvre sur cette galerie. Une tour occupe le centre: c'est l'habitation des inspecteurs ; in la tour n'est divisée qu'en trois étages, parce qu'ils sont disposés manière que chacun domine en plein deux étages de cellules. tour d'inspection est aussi environnée d'une galerie couverte d' jalousie transparente, qui permet aux regards de l'inspecteur plonger dans les cellules, et qui l'empêche d'être vu, en sorte d'un coup-d'oeil il voit le tiers de ses prisonniers, et qu'en mouvant dans un petit espace, il peut les voir tous dans u minute. Mais fût-il absent, l'opinion de sa présence cace que sa présence même.
Des tubes de fer-blanc correspondent depuis la tour d'inspectio chaque cellule, en sorte que l'inspecteur, sans aucun effort de vo sans se déplacer, peut avertir les prisonniers, diriger leurs trava et leur faire sentir sa surveillance. Entre la tour et les cellules, doit y avoir un espace vide, un puits annulaire qui ôte aux prisonniers tout moyen de faire des entreprises contre les inspecteurs.
L'ensemble de cet édifice est comme une ruche dont chaque cellule est visible d'un point central. L'inspecteur invisible luimême règne comme un esprit ; mais cet esprit peut au besoin donner immédiatement la preuve d'une présence réelle. Cette maison de pénitence serait appelée panoptique, pour exprimer d'un seul mot son avantage essentiel, la faculté de voir d'un coup-d'oeil tout ce qui s'y passe. [ ... ]
Enfin, ce principe peut s'appliquer heureusement à des écoles, à des casernes, à tous les emplois où un homme seul est chargé du soin de plusieurs. Au moyen d'un panoptique, la prudence intéressée d'un seul individu est un meilleur gage de succès que ne le serait, dans tout autre système, la probité d'un grand nombre. |
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La causalité
La causalité est l'un des thèmes philosophiques de la Trilogie. Mais chacun des protagonistes (Oracle, Mérovingien, Chancellier Hamann, Ghost,...) présentent des théories différentes inspirées D'Holback, Aristote, Leibniz, Hume.
"Système de la Nature"
D'Holbach
Français 1723-1789
Matérialiste, anticlérical, athée, chimiste de formation. rédacteur d'articles pour l'Encyclopédie. Dans un salon où se réunit le fine fleur intellectuelle de l'époque, il anime un club de réflexion dont les conclusions fourniront nombre d'idées aux plus radicaux des révolutionnaires.
Paul Henri Thiry, baron d'Holbach, Système de la Nature (1770), toine 11, Ir, partie, chapitre XI
"...
Seul existe la nécessité
Un homme n'est libre dans aucun des instants de sa durée. Il n'est pas maître de sa conformation, qu'il tient de la nature ; il n'est maître de ses idées ou des modifications de son cerveau, qui sont dues à des causes qui, malgré lui et à son insu, agissent continuellement sur lui ; il n'est point maître de ne pas aimer ou désirer ce qu'il trouve aimable et désirable ; il n'est pas maître de ne point délibérer quand il est incertain des effets que les objets produiront sur lui ; il n'est pas maître de ne pas choisir ce qu'il croit le plus avantageux ; il n'est pas maître d'agir autrement qu'il ne fait au moment où sa volonté est déterminée par son choix. Dans quel moment l'homme est-il donc le maître ou libre dans ses actions ? Ce que l'homme va faire est toujours une suite de ce qu'il a été, de ce qu'il est et de ce qu'il fait jusqu'au moment de l'action. Notre être actuel et total, considéré dans toutes ses circonstances possibles, renferme la somme de tous les motifs de l'action que nous allons faire ; principe à la vérité duquel aucun être pensant ne peut se refuser. Notre vie est une suite d'instants nécessaires et notre conduite bonne ou mauvaise, vertueuse ou vicieuse, utile ou nuisible à nous-mêmes ou aux autres est un enchaînement d'ac tions aussi nécessaires que tous les instants de notre durée. Vivre, c'est exister d'une façon nécessaire pendant des points de la durée qui se succèdent nécessairement ; vouloir, c'est acquiescer ou ne point acquiescer à demeurer ce que nous sommes ; être libre, c'est céder à des motifs nécessaires que nous portons en nous-mêmes. Si nous connaissions le jeu de nos organes, si nous pouvions nous rappeler toutes les impulsions ou modifications qu'ils ont reçues et les effets qu'elles ont produits, nous verrions que toutes nos actions sont soumises à la fatalité, qui règle notre système particulier comme le système entier de l'univers. Nul effet en nous, comme dans la nature, ne se produit au hasard qui, comme on l'a prouvé, est un mot vide de sens. Tout ce qui se passe en nous ou ce qui se fait par nous, ainsi que tout ce qui arrive dans la nature ou que nous lui attribuons, est dû à des causes nécessaires qui agissent d'après des lois nécessaires, et qui produisent des effets nécessaires d'où il en découle d'autres. |
..."
Aristote
La philosphie en clair, de Michel Puech, Editions Ellipses, extrait du chapitre 20 :
"...
Aristote
Tout a une cause, et même quatre
Connaitre c'est connaitre la cause, et il en existe quatre sortes. dans une statue, par exemple, Aristote distingue :
la cause matérielle, qui est tout simplement le matériau (l'airain, le marbre,...)
la cause formelle, qui est la forme de la satue
la cause efficiente, qui est est le ciseau du sculpteur
la cause finale, qui peut être la destination de la statue (orner tel temple par exemple).
On voit bien que cause signifie pour Aristote bien plus que pour nous aujourd'hui. Les causes rendent compte de l'être tout entier de l'objet, depuis sa matière jusqu'à sa fonction. Donc la connaissance des causes est une connaissance totale de l'objet, et c'est cela que vise la physique d'Aristote : une compréhension totale de la chose, pas sa modélisation mathématique.
Tout à une fin
La nature pour Aristote ne se caractérise pas par le fait qu'elle est composée de matière, mais par le fait qu'elle habitée par la finalité : l'arbre puise des aliments dans le sol pour grandir, pour se reproduite, et ainsi de suite partout. Tout être naturel poursuit un objectif, une fin naturelle, et c'est en la comprenant que nous le comprenons. Par exemple nous comprenons ce qu'est l'oeil en partant de sa fin, la vision, et il en va de même pour chacune des parties de l'oeil, ou du corps, ou de tout vivant : tout être naturel se comprend en fonction de ce quoi la nature l'a destiné.
Le hasard, bernard et la tuile
Parmi les causes qui permettent de comprendre le monde, faut-il en compter une qui fait n'importe quoi, le hasard ? Je vais au marché pour faire le marché et c'est par hasard que je tombe sur bernard qui me doit des sous et me les rend. Je vais travail et une tuile se détache d'un toit et m'assomme.
tout a une cause, la tuile tombe parce qu'elle était mal fixée et qu'il y avait du vent, Bernard était sur le marché lui aussi pour faire ses courses. mais lorsque j'ai l'impression que cela aurait pu être fait exprès, j'attribue au hasard ce "comme si c'était fait exprès"... que j'ai imaginé tout seul. |
..."
LEIBNIZ
La philosphie en clair, de Michel Puech, Editions Ellipses, extrait du chapitre 51 :
"...
César et le Rubicon
En franchissant le fleuve Rubicon avec ses armées, César violait la loi de Rome et marchait sur la ville en commençant un coup d'état. A-t-il librement choisi de le faire ? Oui. Cela signifie-t-il que Dien ne pouvait pas le prévoir , Non, Dien savait de tout éternité que césar allait franchir le Rubiscon et ljour, il sait tout de César en lisant dans l'équation personnelle de césar, sa "notion" qui constitue l'essence de sa personne.
Etait-il alors nécessaire que César franchisse de le Rubicon ? Non, pas du tout, Dieu aurit pu créer un monde dans lequel César serait resté soumis aux lois de Rome, ou aurait été tué par les gaulois ... Mais ce ne serait pas notre monde réel, et, surtout, ce ne serait pas César Jules, le vrai, l'unique.
Voilà l'argument : si César n'avait pas franchi le Rubicon pour marcher sur Rome, il n'aurait pas été César, juste un homonyne dans un autre monde que le nôtre.
Donce ce qui "oblige" César à franchir le Rubicon, c'est qu'il est César, c'est son essence, sa nature, son existence comme personne. Cet événement est libre parce qu'il n'a pour cause que l'essence de la personne, et il est prédeterminé parce qu'un Dieu qui connait l'essence de la personne peut le prévoir.
L'idée : Il y a une cause qui nécessite absolument que césar franchisse librement le Rubicon : c'est qu'il est César. Et pas Caîus Timidus qui n'a jamais désobéi à Rome. |
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HUME
La philosphie en clair, de Michel Puech, Editions Ellipses, extrait du chapitre 59 :
"...
Critique de la causalité
Les causes ne causent pas
Parmi les relations abstraites que construit notre esprit le ralation de causalité, c'est à dire la croyance que certains A, appelés causes, "produident" certains B, appelés effets, est l'essentiel de ce qui nous permet de comprendre quelque chose à la réalité, c'est à dire de dépasser les impressions présentes pour agir intelligemment et efficacement. Hume n'a jamais nié que les imaginations causales soient intelligentes et efficaces, il nie simplement qu'elles soient bien fondées, rationnellement, intelligibles.
Lorsque A est la cause de B, nous imaginons qu'il se passe quelque chose d'important entre A et b, et même qu'il y a quelque chose de spécial dans A, une puissance causale. Erreur et erreur. il n'y a rien de causal dans la cause, nous reconstituons a posteriori une relation à laquelle nous ne comprenons rien. la réalité se résume à la simple constation passive que A est habituellement suivi de B.
La preuve : en examinant une chose nous ne pouvons rien deviner de sa "puissance causale", de ce qu'elle va produire comme effet. Seule l'expérience nous l'apprend, après expérience justement. Une boule de billard qui se dirige droit vers une autre peut sauter par-dessus sans la heurter, nous n'y comprendrions ni plus ni moins que si, comme d'habitude, elle mettait l'autre en mouvement selon un certain rapport.
Le marbre adhère, mais a posteriori
En réflichissant à l'idée de deux surfaces de marbres parfaitement polies et planes, une personne non prévenue ne découvrira pas, affirme Hume, qu'une fois en contact l'une avec l'autre il sera difficile de les séparer autrement qu'en les laissant glisser l'une sur l'autre, qu'elles adhéreront l'une à l'autre. Mais tout personne qui tient les morceaux de marbre et les manipule effectivement le constatera facilement. lorsque nous allons disserter sur les "causes" et les "raisons" de ce phénomène, nous ferons semblant d'être capable de l'avoir compris a priori, à partir d'idées, de grands principes, mais c'est faux. seule l'expérience nous apprend quels sont les A qui peuvent être causes de tel ou tel B, quels sont les B qui vont se produite après tel ou tel A.
Le pain fait-il mourir ?
Le pain que j'ai mangé hier m'a nourri, mais je dois reconnaitre que je nes ais pas vraiment pourquoi. J'ai absorbé une substance dont je sais reconnaitre la forme et la couleur, l'odeur et le gout, et elle a calmé mon appétit sans poser aucun autre problème. mais ensuite, au moment d'attaquer mon pain quotidien, affirme Hume, rien ne me garantit que je ne vais pas tomber raide mort, empoisonné dès la première bouchée.
en réalité, nous ne nous posons pas la question, parce que nous agissons selons l'habitude de la relation de succession souvent rencontrée : pain mangé produit faim calmée. alors que nous n'avons pas (pas encore ?) rencontré la succession : pain mangé produit mort subite.
les poulets n'ont rien compris
Que quelque chose se soit toutjours passé d'une certaine façon ne démontre en rien que cela continuera de même. Il n'y a aucune contradiction, rappelle Hume, dans l'idée que le cours de la nature peut changer (que le soleil ne se lèvera pas demain, par exemple).
Sinon, nous sommes aussi stupides que le poulet, qui se éjouit de la venue du fermier tous les matins parce que cela implique nourriture. jusqu'au jour où cela implique cou tranché, ce qui était un évenement "imprévisible" d'après l'expérience du pauvre poulet. |
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"Les robots"
Isaac Asimov
Isaac Asimov (1920-1992). Il est l'instigateur des fameuses et révolutionnaires trois lois de la robotique, brisant ainsi le mythe du robot envahiseur ou aliéné pour en faire un être enclin au doute et à la contradiction.
Extrait de la nouvelle "Conflit évitable", du livre "Les robots", éditions J'ai lu
"...
De nouveau les guerres étaient "inévitables" et cette fois il existait des armes atomiques si bien que l'humanité ne pouvait plus désormais subir les mêmes tourments sans déboucher sur l'holocauste défintif... Puis vinrent les robots positroniques.
"Ils survinrent à temps, amenant dans leur sillage les voyages interplanétaires. Désormais il sembla moins important que le monde se pliât aux préceptes d'Adam Smith ou de Karl Marx. Ni l'un ni l'autre n'avaient plus guère de sens étant donné les nouvelles circonstances. Les deux systèmes durent s'adapter et aboutirent pratiquement au même point.
- Un deus ex machina, en quelque sorte, et dans les deux sens du terme, dit sèchement le Dr. Calvin.
Le coordinateur eut un sourire indulgent.
- C'est la première fois que je vous entends faire jeu de mots, Susan, mais il tombe parfaitement juste. Il y avait pourtant un autre danger. La solution de chaque problème ne faisait qu'en susciter un nouveau. Notre nouvelle économie mondiale fondée sur les robots peut engendrer ses propres problèmes et c'est pour cette raison que nous avons des Machines. L'économie terrestre est stable et demeura stable, car elle est fondée sur les décisions des machines à calculer qui se préoccupe essentiellement du bien de l'humanité grâce à la puissance irrésistible de la première Loi de la Robotique. |
..."
"...
- Pourquoi dites-vous cela? Je vous avoue que je comptais plutôt sur votre approbation.
- Je ne puis vous la donner tant que vos actions se fondent sur des prémisses fausses. Vous admettez que la Machine ne peut se tromper et ne peut absorber des infonnations, erronées. Je vais vous démontrer qu'on ne peut davantage lui désobéir ainsi que le fait, selon vous, la Société pour l'Humanité.
- Je ne vois pas du tout comment vous le pourriez.
- Alors écoutez-moi. Toute action effectuée par un cadre qui ne suit pas exactement les directives de la Machine avec laquelle il travaille devient une partie de l'information servant à la résolution du problème suivant. Par conséquent, la Machine sait que le cadre en question a une certaine tendance à désobéir. Elle peut incorporer cette tendance dans cette information... même quantitativement, c'est-à-dire en jugeant exactement dans quelle mesure et dans quelle direction la désobéissance se produira. Ses réponses suivantes seraient tout juste suffisamment faussées de telle manière que, aussitôt après avoir désobéi, le cadre en question se trouverait contraint de corriger ces réponses dans une direction optimale. La Machine sait, Stephen!,
- Vous ne pouvez être certaine de ce que vous avancez. Ce sont là des suppositions.
- Ce sont des suppositions fondées sur une vie entière consacrée aux robots. Il serait prudent de votre part de vous y fier, Stephen.
- Mais alors que me reste-t-il? Les Machines fonctionnent correctement, les documents sur lesquels elles travaillent sont également corrects. Nous en sommes tombés d'accord. À présent vous prétendez qu'il est impossible de leur désobéir. Alors quy a-t-il d'anormal?
- Rien! Pensez un peu aux Machines, Stephen. Ce sont des robots, et elles se conforment aux préceptes de la Première Loi. Mais les Machines travaillent, non pas pour un particulier mais pour l'humanité tout entière, si bien que la Première Loi devient : « Nulle Machine ne peut porter atteinte à l'humanité ni, restant passive, laisser l'humanité exposée au danger. »
« Fort bien, Stephen, qu'est-ce qui peut exposer au danger l'humanité? Les perturbations économiques par-dessus tout, quelle qu'en soit la cause. Vous n'êtes pas de cet avis ?
- Je le suis.
- Et qu'est-ce qui peut le plus vraisemblablement causer à l'avenir des perturbations économiques ? Répondez à cette question, Stephen.
- La destruction des Machines, je suppose, répondit Byerley à regret.
- C'est ce que je dirais et c'est également ce que diraient les Machines. Leur premier souci est par conséquent de se préserver elles-mêmes. C'est pourquoi elles s'occupent tranquillement de régler leur compte aux seuls éléments qui les menacent encore. Ce West pas la Société pour l'Humanité qui fait tanguer le bateau afin de détruire les Machines. Vous avez regardé le tableau à l'envers. Dites plutôt que ce sont les Machines qui secouent le bateau... Oh! très légèrement - juste assez pour faire lâcher prise à ceux qui s'accrochent à ses flancs en nourrissant des desseins qu'elles jugent pernicieux pour l'humanité.
« C'est ainsi que Vrasayana perd son usine et obtient un autre emploi où il ne peut plus nuire... il n'est pas très désavantagé, il n'est pas mis dans l'incapacité de gagner sa vie, car la Machine ne peut causer qu'un préjudice minime à un humain, et seulement pour le salut du plus grand nombre. La Cinnabar Consolidated se voit dépossédée à Almaden. Villafranca n'est plus désormais un ingénieur civil dirigeant d'importants travaux. Les directeurs des Aciéries mondiales sont en train de perdre leur mainmise sur cette industrie...
- Mais tout cela, vous ne le savez vraiment pas, insista Byerley. Comment pouvons-nous courir de pareils risques en partant du principe que vous avez raison ?
- Il le faut. Vous souvenez-vous de la déclaration de la Machine lorsque vous lui avez soumis le problème? « Le sujet n'exige aucune explication. » Elle n'a pas dit qu'il n'existait pas d'explication, ou qu'elle n'en pouvait déterminer aucune. Implicitement, la Machine laissait entendre qu'il serait préjudiciable à l'humanité que l'explication fût connue, et c'est pourquoi nous ne pouvons qu'émettre des suppositions et continuer dans la même voie.
- Mais comment l'explication pourrait-elle nous causer un préjudice, en supposant que vous ayez naison, Susan?
- Si j'ai raison, Stephen, cela signifie que la Machine dirige notre avenir, non seulement par des réponses directes à nos questions directes, mais en fonction de la situation mondiale et de la psychologie humaine dans leur ensemble. Elle sait ce qui peut nous rendre malheureux et blesser notre orgueil. La Machine ne peut pas, ne doit pas nous rendre malheureux.
« Stephen, comment pouvons-nous savoir ce que signifiera pour nous le bien suprême de l'humanité? Nous ne disposons pas des facteurs en quantité infinie que la Machine possède dans ses mémoires! Pour vous donner un exemple familier, notre civilisation technique tout entière a créé plus d'infortunes et de misères qu'elle n'en a aboli. Peut-être qu'une civilisation agraire ou pastorale, avec moins de culture et une population moins nombreuse, serait préférable. Dans ce cas, les Machines devront progresser dans cette direction, de préférence sans nous en avertir, puisque dans notre ignorance nous ne connaissons que ce à quoi nous sommes accoutumés... que nous estimons bon... et « alors nous lutterions contre le changement. La solution se trouve peut-être dans une urbanisation complète, une société totalement organisée en castes, ou encore une anarchie intégrale. Nous n'en savons rien. Seules les Machines le savent et c'est là qu'elles nous conduisent.
- Si je comprends bien, Susan, vous me dites que la Société pour l'Humanité a raison et que l'humanité a perdu le droit de dire son mot dans la détermination de son avenir.
- Ce droit, elle ne l'a jamais possédé, en réalité. Elle s'est trouvée à la merci des forces économiques et sociales auxquelles elle ne comprenait rien... des caprices des climats, des hasards de la guerre. Maintenant les Machines les comprennent; et nul ne pourra les arrêter puisque les Machines agiront envers ces ennemis comme elles agissent envers la Société pour l'Humanité... ayant à leur disposition la plus puissante de toutes les armes, le contrôle absolu de l'économie.
- Quelle horreur!
- Dites plutôt quelle merveille! Pensez que désormais et pour toujours les conflits sont devenus évitables. Dorénavant seules les Machines sont inévitables! |
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"Ni responsable ni coupable"
Extrait de la revue "philosophie magazine" n°16 Février 2008
"...
Nous sommes en 2125. Cela fait vingt ans que les plus grands physiciens ont découvert les lois ultimes de la nature. Depuis, des ingénieurs ont mis au point l'Oracle, un ordinateur permettant de prédire tout le futur de l'Univers. Connaissant tout de l'état présent de l'Univers et des lois de la nature, elle peut prédire avec certitude n'importe quel évenement.
Pendant ce temps, la famille Moquette attend un nouvel enfant, Bernard. Curieuse de connaitre son avenir, sa mère interroge l'Oracle. La machine lui sort un compte rendu de la vie de son fils. Elle apprend qu'il sera successivement chanteur, homme politique, président d'un grand club de football et acteur. Elle découvre également qu'il sera accusé de fraude fiscale et de corruption. Mais cette mère dévouée et aveuglée n'en croit rein et se jure de ne jamais lui en souffler mot.
Bernard grandit et suit la brillante carrière prédite. L'oracle ne se tramponat hélas jamais, il finit aussi par commettre les délits en question. Mais à son procès, le volubile garçon, à qui sa mère vient de raconter la prédiction de l'Oracle, a trouvé une défense qu'il estime inattaquable : bien qu'il reconnaisse avoir commis ces délits, il ne peut en être accusé, car ils avaient été prédits par l'oracle avant même sa naissance ! Ceci prouve bien qu'il n'a pas exercer son libre arbrite et que'on ne peut donc lui en tenir rigueur.
Que penser de cette ligne de défense ? Le fait que ses actes aient été déterminés par les lois de la nature implique-t-il qu'il n'a pas pu exercer son libre arbrite ?
La question qui se pose est : quelles seraient les conséquences sur le libre arbrite si les lois de la nature s'avéraient être déterministes ? Autrement dit, sil les lois de la nature déterminaient l'évolution ultérieure de l'Univers à partir de son état initial, le libre arbrite de l'homme serait-il possible ?
Se selon vous, Bernard Moquette n'a pas pu exercer son libre arbrite, vous êtes incompatibiliste : vous pensez due le déterminisme des lois de la nature et le libre arbrite sont incompatibles (et donc, l'une de ces deux propositions doit être abandonnée). Si au contraire, Bernard Moquette a, selon vous, exercé son libre arbrite, vous êtes comptabiliste.
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"L'homme et ses symboles"
C.G. Jung
Jung a t'il été une source d'inspiration pour les frères Wachowski ?
Extrait de "la fonction des rêves "
"Les rêves, donc peuvent quelque fois annoncer certaines situations bien avant qu'elles ne se produisent. Ce n'est pas nécessairement un miracle ou une prophétie. Beaucoup de crises, dans notre vie, ont une longue histoire inconsciente. Nous nous acheminons vers elles pas à pas, sans nous rendre compte du danger qui s'accumule. Mais ce qui nous échappe à notre conscience est souvent perçu par notre inconscient, qui peut nous transmettre l'information au moyen du rêve. "
Dans Matrix Reloaded, Neo voit l'avenir : la chute de Trinity. Mais est-ce vraiment une prophétie ? Ou l'aboutissement inévitable de son destin (inconscient)... un rêve qui ne peut dépasser les choix qu'il n'a pas compris consciemment (la vie ou la mort de Trinity).
Extrait de "l'archetype d'initiation"
"Le rituel, qu'on prenne l'exemple de collectivités tribales ou de sociétés plus évoluées, insiste toujours sur le rite de la mort et de la renaissance, c'est à dire, pour le novice, un "rite de passage" d'un stade de la vie à l'autre."
"Le rituel ramène le novice jusqu'au niveau le plus profond de l'identité originelle entre la mère et l'enfant, ou entre le Moi et le Soi, l'obligeant ainsi à faire l'expérience d'une mort symbolique. En d'autres termes, son individualité est temporairement détruite, ou dissoute dans l'inconscient collectif. Puis il est solennellement sauvée de cet état par le rite de la nouvelle naissance."
Dans Matrix, la libération de Neo de la matrice, la renaissance finale de Neo ; dans Matrix Revolution, le sacrifice finale de Neo... sont autant de rite d'initiation.
"L'ascension de la montagne, au premier abord, resssemble à une épreuve de force. Mais la scène qui s'était déroulée auprès de l'autel imaginaire avait corrigé cette supposition erronée, et lui avait montré que sa tâche était plutôt de se soumettreà un pouvoir supérieur."
L'ascension peut donc faire partie d'un rite d'initiation et aussi d'une épreuve de force (héroïque).
- Initiatique :
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au début de Matrix : Neo monte un escalier avant d'être libérer de la Matrice
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à la fin de Matrix : Neo monte des escaliers pour atteindre la chambre 303 de l'hotel avant d'être tuer, ressuciter
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à la fin de Matrix Révolution, Neo et Smith s'envole dans les cieux, avant de fusionner
- Epreuve de force :
- dans Matrix :
Neo et Trinity monte libérer Morpheus dans l'immeuble
Extraits sur les "symboles de transcendance"
"L'initiation est essentiellement un processus qui commence par une soumission, se poursuit par une période de retenue, se termine enfin par un rite de libération. Par cette pratique, chaque individu est en mesure de concilier les éléments opposés de sa personnalité et de parvenir à un équilibre qui le rend véritablement humain et véritablement maître de lui-même. "
A début de Matrix, Neo se soumet aux ordres de Morpheus, pour fuir les Agents qui viennent le chercher. Puis Neo se retient lui même, il refuse de passer par l'extérieur de l'immeuble. Neo est retenue par les Agents. Puis il est libéré de la Matrice par Morpheus.
A la fin de Matrix, Neo se soumet aux ordres de Trinité, pour fuir les Agents. L'Agent Smith retient Neo. Neo est libéré (mort / ressucité).
"Un des symboles oniriques qui exprime le plus fréquemment ce type de libération par le dépassement est le thème du voyage solitaire ou du pélerinage, qui semble d'une certaine façon être un pélerinage spirituel ou cours duquel l'initié découvre la nature de la mort. Mais il ne s'agit pas ici de la mort conçue comme un jugement dernier, ou une épreuve de caractère initiatique. C'est un voyage vers la libération, la renonciation et la réparation, patronné et protégé par quelque esprit compatissant. Cet esprit est le plus souvent représenté sous les traits d'une femme, par exemple Kwan Yin, dans le boudhisme chinois, ou la Sophia des gnotisques, ou encore l'Eternel Féminin de Goethe. "
A la fin de Matrix, Neo fuit seul les Agents. Il court dans les méandres des rues et des couloirs (comme dans le labyrinthe de l'inconscience) guidé par Trinité, jusqu'à sa mort initiatique... sa libération.
Au début de Matrix, Trinité n'est pas encore amoureuse de Neo, néanmoins lorsque Neo essaye de fuir seul de l'immeuble, elle assis te à l'arrestation de Neo par les Agents en bas de l'immeuble.
Extrait de "première rencontre avec l'inconscient"
"Il peut arriver aussi qu'en dépit d'une vie apparemment agréable, une personne souffre d'une ennui mortel, qui fait que tout lui parait dénué de sens et vide."
A début de Matrix, Neo cherche un sens à sa vie... qu'est ce que la Matrice ? Il est à la recherche de son inconscient.
Extraits de "la découverte de l'ombre "
"Que l'inconscient se manifeste d'une façon positive, ou d'une façon négative, il arrive toujours un moment où il devient nécessaire d'adapter l'attitude consciente aux facteurs inconscients, donc d'accepter les critiques apparentes de l'inconscient. C'est ce que le Professeur Jung a appelé la prise de conscience de l' "ombre". L'ombre, toutefois, n'est pas la totalité de la personnalité inconsciente. Elle constitué par les attributs et les qualités inconnus ou peu connus du Moi, qui font partie des aspects personnels de la psyché, et pourraient aussi bien être conscients. Par certains côtés, l'ombre peut aussi contenir des facteurs collectifs provenant de source qui se situe en dehors de la vie personnelle de l'individu. Lorsque quelqu'un s'efforce de voir son ombre, il déocuvre (souvent à sa honte) ces défauts, ces tendances qu'il ne reconnait pas chez lui, tout en les voyant clairement chez son prochain."
"L'ombre n'est pas nécessairement toujours notre adversaire. En fait, elle ressemble à tout être humain avec lequel nous vivons, auquel il nous faut quelque fois céder, quelque fois résister, qu'il nous faut aimer, selon les exigences de la situation. L'ombre ne devient hostile que si on l'ignore, ou si on la traite sans compréhension."
Dans la trilogie, Smith est indiscutablement l'ombre de Neo.
Extraits de "l'animus : l'élément masculin "
"L'animus, comme l'anima, comporte quatre stades de développement. Il apparait d'abord physique, par exemple sous les traits d'un athlète. Au stade suivant, il possède l'esprit d'initiative, et la capcité d'agir d'une façon organisée. Au troisième satde, l'animus devient le "Verbe" et apparait fréquement sous les traits d'un professeur ou d'un prêtre. Finalement, dans sa quatrième manifestation, l'animus est l'incarnation de la Pensée. A ce stade - le plus élevé - il est comme l'anima le médiateur de l'expérience religieuse qui donne un sens nouveau à la vie."
Dans Matrix (1), l'agent Smith se présente comme un combattant. Puis dans Matrix Reloaded (2), il s'émancipe, se duplique et s'organise. Dans Matrix Revolution (3), il fusionne avec l'Oracle e devient le "Verbe". Enfin, il fusionne avec Neo...
"Par l'entremise de l'animus, la femme peut devenir consciente du developpement caché de sa situation objective personnelle et culturelle,et trouver la voie d'une vie spirituelle intense. Cela présuppose bien entendu que son animus cesse de se cantonner dans des opinions absolues. La femme doit trouver le courage et la largeur d'esprit nécessaires, pour mettre en question le caractère sacré de ses convictions. C'est seulement alors qu'elle devient capable d'assimiler les suggestions de l'inconscient, plus particulièrement quand elles contredisent les opinions de l'animus. C'est seulement alors que le Soi peut se manifester, et qu'elle devient capable de comprendre ses intentions. "
A la fin de Matrix Revolution (3), Neo (la femme) comprend qu'il doit arreter de lutter contre Smith (l'animus) et qu'il accepte. Smith se met alors à douter. Smith fusionne avec Neo...
Extraits de "le soi : les symboles de totalité"
"Notre inconscient est aussi accordé, d'une façon qui dépasse complètement notre compréhension, à notre milieu - notre groupe social, la société en général - au delà du continuum espace-temps et à toute la nature. C'est pourquoile Grans Homme des Naskapis ne leur révèle pas seulement des vérités intérieures. il leur suggère aussi où et quand chasser. "
Dans Matrix reloaded, Smith sait où trouver Neo pour lui remettre son oreillette.
Dans Matrix reloaded, Neo est branché à la matrice d'une manière incompréhensible.
Extraits de "les relations avec le soi"
"Parmi les représentations mythologiques du soi, on trouve fréquement les quatres coins du monde, et dans beaucoup d'images, le grand Homme figure au centre d'un cercle divisé en quatre. Jung utilisait le mot Hindou mandala (cercle magique) pour désigner une structure de cet ordre, qui est une réprésentation symbolique du noyau originel de la psyché, dont l'essence nous est inconnus. Et il est intéressant de remarquer ici que le chasseur Naskapi ne représente pas son grand Homme comme un être humain, mais comme un mandala. "
Dans Matrix reloaded, le symbole du Mérovingien est une croix entouré d'un cercle.
Dans Animatrix, les archives de Zion se présente sous la fome d'un mandala.
"Entre autres, la droite signifie souvent, psychologiquement, le côté de la conscience, de l'adaption alors que la gauche est la sphère de l'inadaptation, des réactions inconscientes, et quelquefois même de quelque chose de sinistre."
Dans Matrix, Neo emprunte toujours la porte de gauche.
"Si l'on veut comprendre les indications symboliques que nous fournit l'inconscient, il faut prendre garde à ne pas sortir de soi, à ne pas être "hors de soi", mais à coincider affectivement avec soi-même. Il est d'une importance essentielle que le Moi continue à fonctionner normalement. Ce n'est que si je demeure un être humain ordinaire, conscient de son incomplétude, que je deviens réceptifs aux contenus et aux processus significatifs de l'inconscient."
Dans Matrix reloaded, les nouveaux agents indique que Neo n'est qu'un humain.
Dans Matrix reloaded, Neo saigne à la main lors du combat dans la chateau du Mérovingien.
Dans Matrix reloaded, l'Architecte mentionne Neo reste humain.
A la fin de Matrix Reloaded, Neo se projette "hors de lui"... il en reviendra changer (cf. la remarque de Tank).
"Mais comment l'être humain peut-il résister à la tension de se sentir en union avec l'univers entier, quand il n'est en même temps qu'une misérable créature humaine ? Si je me méprise, en considérant que je ne suis qu'un nombre dans une statistique, ma vie n'a pas de sens, et ne mérite pas d'être vécue. Mais si en revanche j'ai l'impression de participer à quelque chose de beaucoup plus vaste, comment vais-je conserver les deux pieds sur terre ? Il est en fait très difficile d'unir en soi ces deux extrêmes sans tomber dans un excès ou dans un autre."
Un très bon résumé du dilemme de Neo : Neo, l'humain s'unie avec l'univers entier (la matrice), il reste profondement humain jusqu'au moment où il se projette "hors de lui", il en reviendra différent, il retrouvera finalement l'équilibre en acceptant sa vrai nature(en fusionnant avec Smith).
Extraits de "les aspects sociaux du Soi "
"Le rêve, toutefois, souligne que de nos jours une libération authentique ne peut débuter que par une transformation psychologique. A quoi bon libérer son pays si ensuite il n'y a pas de but à la vie, pas de but qui donne un sens à la liberté ? Il n'est important qu'il soit libre que s'il est capable d'utiliser sa liberté pour créer quelque chose qui aient un sens. C'est pourquoi trouver le sens profond de la vie est plus important pour l'individu que tout le reste, et c'est pourquoi le processus d'individuation doit recevoir la priorité."
A la fin de Matrix, le sens de la vie pour Neo est de libérer un maximum d'homme. Ce qu'il fera pendant 6 mois (Cf. Animatrix). Mais le sens ultime de la vie de Neo est de mettre fin à la guerre entre les hommes et les machines, quitte à mourir.
"Mais lorsqu'un individu se consacre à l'individualisation, il a fréquement une influence contagieuse positive sur ceux qui l'entourent. C'est comme une étincelle qui saute de l'un à l'autre. Et cela se produit d'ordinaire quand on n'a pas l'intention d'influencer les autres, et souvent alors qu'on n'utilise pas la parole".
La quête de Morpheus pour trouver l'élu, la prophécie, les exploits de Neo, l'espoir à Zion d'une liberté prochaine de tous les hommes.
Dans Matrix reloaded, Smith se consacre à son individualisation, et on observe comment il influence de manière contagieuse toute la matrice.
Extraits de "les symboles sacrés : la pierre et l'animal"
"L'histoire du symbolisme montre que tout peut recevoir une signification symbolique : les objets naturels (comme les pierres, les plantes, les animaux, les hommes, les montagnes et les vallées, le soleil et la lune, le vent, l'eau et de la feu) ou fabriqués par l'homme (comme les maisons, les bateaux, les voitures) ou même les formes abstraites (les chiffres, le triangle, le carré, le cercle). En fait tout l'univers est un symbole en puissance. "
La trilogie recele de très nombreux symboles.
L'introduction des 3 films, représentent symboliquement la structure cachée de la matrice.
"Aujourd'hui encore, un étrange sortilège semble s'attacher aux cavernes qui abritent les bas-reliefs et les peintures.... Il s'agissait d'une sorte de crainte religieuse, peut être de la peur des esprits que l'on disait hanter ces cavernes et ces peintures.... Tout ceci démontre que les gens ont toujours considéré les cavernes et les peintures rupestres comme investies d'un fonction religieuse, ce qu'elles furent en effet."
"Toutefois dans les cavernes (qui pourraient représenter de zones inconscientes à l'intérieur du champ de conscience d'Henry), il y a des endroits où l'on peut trouver refuge contre le mauvais temps, en d'autres termes, contre les tensions extérieures trop menaçantes. Les cavernes sont le résultat d'un travail humain délibéré : elles ont été taillées dans le rocher. En un sens, elle ressemblent à ces trous qui se produisent dans notre conscience lorsque notre pouvoir de concentration a atteint ses limites et se rompt, en sorte que les fantasmes nous envahissent à leur gré. Dans ces moments-là, quelque chose d'inattendu peut se réveler à nous et nous donner un aperçu de l'arrière-plan de la psyché, un coup d'oeil profond dans les régions inconscientes où notre imagination se déploie librement. Par ailleurs, les cavernes peuvent être les symboles de la matrice de la Terre Mère, où ont lieu les transformations et les renaissances.
Le Temple de Zion se trouve dans une caverne.
Dans Matrix, Neo se protège de la pluie sous un pont, où Trinity le récupère pour l'emmener voir Morpheus.
Dans Matrix reloaded, lors du discour de Morpheus dans le Temple, il présent l'avenir... puis les limites sont rompues et la dance démarre...
Dans Matrix reloaded, Neo et Trinity s'unissent dans une alcove rappelant la matrice de la Terre Mère.
"Le roi et le chef sont des animaux, généralement des lions ou des léopards. ... Un chef primitif n'est pas seulement "déguisé" en animal. Lorsqu'il apparait au cours des rites d'initiation revêtu de son costume d'animal, il est l'animal. Ou plutôt, il est l'esprit-animal."
Dans la trilogie, les déguissements sont modernisés... la chaise rouge de Morpheus est un trone avec des tête de lions... le costume noir de Smith est le corbeau... Mousse est le rat de champs (dans la réalité) et le rat des villes (dans la Matrice)... Trinity est une chatte noire aventureuse... Neo est lui-même, un homme à la recherche de lui même.
Extraits de "les symboles sacrés : le symbole du cercle "
"Le symbole central de l'art chrétien n'est pas le mandala, mais la croix ou le crucifix. jusqu'à l'époque caroligienne, on utilisait la croix grecque, ou équilatéral, et le mandala y étaient indirectement contenu. Mais au cours du temps, le centre se déplaça vers le haut, pour aboutir à la croix latine, forme à laquelle nous sommes habitués aujourd'hui. Cette évolution est importante car elle correspond à l'évolution intérieure de la chrétienté jusqu'au haut Moyen Age. En termes simples, elle symbolise la tendance à déplacer le centre de l'homme et sa foi de la terre pour l' "élever" vers la sphère spirituelle. "
Dans Matrix reloaded, le symbole du Mérovingien est une croix décentrée sur un côté, entouré d'un cercle.
Extraits de "le rêve intial"
"Le rouge est en général symbole de sentiment ou de passion."
"Le bleu symbolise souvent la pensée".
Dans Matrix, Neo doit choisir entre la pillule rouge et la pillule bleue.
Dans la trilogie, on observe souvent la présence de femmes habillées en rouge.
"Dans la mythologie, la pluie est souvent considéré comme un acte d'amour unissant le ciel et la terre. Dans les mystères d'Eleusis, par exemple, après que tout a été purifié par l'eau, une invocation s'adressait au ciel : "qu'il pleuve !" et à la terre : "soit féconde !". C'était le mariage sacré des dieux. De ctte façon la pluie peut être considérée comme représentant alors littéralement une "solution". ".
Dans Trilogie, il pleut lorsque :
-
Trinity récupère Neo sous le pont (pour l'emmener à Morpheus),
- Lors du combat final entre Smith et Neo.
Extraits de "le saint et la prostituée"
"Un manteau est souvent le symbole d'une armure ou d'un masque (que Jung appelle persona) qui permet à l'individu de se protèger contre le monde. Son but est double : d'abord de faire une certaine impression sur les autres ; ensuite de dissimuler l'intériorité de l'individu à la curiosité d'autrui.".
Dans Matrix, le manteau de Morpheus est exemplaire. Dans la trilogie, Neo adopte des manteaux de plus en plus long, pour toujours plus dissimuler son intériorité.
Extraits de "le rêve de l'oracle"
"Un manteau est souvent le symbole d'une armure ou d'un masque (que Jung appelle persona) qui permet à l'individu de se protèger contre le monde. Son but est double : d'abord de faire une certaine impression sur les autres ; ensuite de dissimuler l'intériorité de l'individu à la curiosité d'autrui.".
Dans Matrix, le manteau de Morpheus est exemplaire. Dans la trilogie, Neo adopte des manteaux de plus en plus long, pour toujours plus dissimuler son intériorité.
"Quelle signification peut avoir cette prédiction de l'avenir pour notre époque ? Même ceux qui acceptent de considérer le I Ching comme une réserve de sagesse croiront difficilement que le consulter comme un oracle relève d'autre chose que de l'occultisme. Il est certes diffcile de comprendre qu'une telle consultation implique autre chose, parce que l'homme de la rue, aujourd'hui, rejette toutes les techniques de divinations comme des absurdités dépassées. Cependant, comme l'a montré le professeur Jung, elles ne sont pas des absurdités, mais elles sont fondées sur le principe de "synchronicité" (ou plus simplement, de coïncidence significative). Le professeur Jung a exposé cette idée difficile et nouvelle dans son étude : la synchronicité, un principe de relation acausale. Elle est fondée sur l'hypothèse d'une connaissance intérieure inconsciente qui relie un évenement physique à un état psychique, de sorte qu'un évenement qui apparait comme un "accident" ou une "coïncidence" peut en fait être psychiquement significatif ; et sa signification est donnée souvent sous forme symbolique par des rêves qui coïncident avec l'évenement."
Dans la Trilogie, l'Oracle a un don de prophétie ou utilise t-elle le principe de synchronicité, un principe de relation acausale.
On observe une dualité, d'un côté l'Oracle et Neo sont pour le principe acausale et de l'autre l'Architecte et le Mérovingien sont pour le principe de causalité.
Au début de Matrix, Neo rêve qu'il découvre ce qu'est la "matrice" en faisant des recherches sur internet... coïncidence, l'ordinateur se met alors à communiquer... coïncidence, un lapin blanc frappe à sa porte....
A la fin de Matrix, la capture de Morpheus est elle une coincidence ? En libèrant Morpheus, Neo se libére lui même et devient l'Elu.
Au début de Matrix reloaded, Neo rêve de la chute de Trinity... tout coincidera...
A la fin de Matrix reloaded, Morpheus voit son vaisseau détruit, son rêve disparait...
Extraits de "confrontation avec l'irrationnel"
"Le noir est la couleur des ténèbres, de la dépression et de la mort. "
Dans Les Perses, le nom d'Hadès est invoqué en même temps que celui d'Hermès et Gaïa pour faire revenir sur terre l'âme de Darius. Au début de Matrix, Trinity est le psychopompe (le guide des âmes, tel Hermès le messager) qui amène Neo à Morpheus dans le rôle d'Hadès (étymologiquement : l'invisible) (le maitre du monde souterain), puis à l'Oracle dans le rôle de Gaïa.
Extraits de "le dernier rêve "
"Un phénix ressuscité dans les flammes - l'un des exemples les plus célèbres de mort et de renaissance par le feu."
Dans Matrix reloaded, suite à l'entretien avec l'Architecte qui a changé Neo, l'immeuble explose et Neo surgit des flammes.
"Il embrasse un jour entier et se meut vers la "droite", c'est à dire vers une conscience accrue. Ainsi le cycle des vingts quatre heures apparait comme le symbole d'une totalité."
"Selon le symbolisme traditionnel des nombres, il représente la forme parfaite d'une Trinité...."
A minuit, Niobe et Ghost vont à l'aéroport pour prévenir les différents capitaines de la rencontre dans les égouts (Enter the matrix).
Le lendemain, à minuit, rencontre des commandants dans les égouts (Reloaded). A midi, rencontre de Mopheus, Trinity, Néo avec le Mérovingien à son restaurant (Reloaded).
Le surlendemain, à minuit, rencontre de Néo avec l'Architecte (Reloaded). A midi : Le vaisseau Hammer retrouve le Logos / Le commandant Lock résume la situation au conseil.
Le sur-surlendemain, à minuit, combat final entre Néo et Smith (Revolutions).
Au final, la fin de Enter the matrix, Reloaded et Revolution se déroulent sur une période de 3 X 24 h ; la forme parfaite d'un symbole d'une totalité.
"Le rêve commence le soir, à un moment où le seuil de la conscience est abaissé et où les impulsions et les images de l'inconscient peuvent le franchir. Dans cet état (où le côté féminin de l'homme se manifeste le plus facilement), il est normal qu'un personne féminin vienne se joindre aux quatres amis. Elle est la personnification de leur anima à tous et constitue un lien entre eux. "
Dans Matrix reloaded, à minuit, Niobe réunie les capitaines des vaisseaux et les debriefe sur la situation. Niobe est l'anima de Morpheus.
"Le Noir est pour certains l'image archétypique de "la créature primitive et ténébreuse", et personnifie certains contenus de l'inconscient. L'homme blanc voit dans le Noir sa vivante contrepartie, l'incarnation visible de son côté ténébreux et caché."
"Le fait qu'Henry et ses amis aient l'intention consciente de rencontrer le Noir face à face signifie donc un pas décisif vers la maturité d'un homme fait."
Dans matrix, cette description correspond bien au Morpheus qui rencontre pour la première fois Neo.
Extraits de "la science et l'inconscience"
"Là où l'on cherchait autrefois une explication causale (rationnelle) des phénomènes, Jung introduit l'idée d'une recherche du "sens" (peut-être pourrait-on dire : des lois finales) des phénomènes. Autrement dit, plutôt que de demander pourquoi telle chose est arrivée (quelle est sa cause), Jung demanda : A quelle fin est-elle arrivée ?"
Dans Matrix reloaded, lors de leur rencontre, l'Oracle tient un tel discours à Neo. Ce dernier reste perplexe.
"Parmi les multiples intuitions mathématiques premières, ou idées a priori, "les nombres naturels" sont psychologiquement la plus interessante. non seulement ces nombres servent aux mesures et aux opérations arithmétiques que nous effectuons tous les jours consciemment, mais ils ont été pendant des siècles les seuls instruments qui nous ont permsi de déchiffrer le sens de formes de divination telles que l'astrologie, la numérologie, la géomancie, etc, qui sont fondées sur la spéculation arithmétique, et ont été interprétées par Jung en termes de synchronicité. En outre, les nombres naturels, d'un point de vue psychologique, sont certainement des représentations archétypiques, car nous sommes obligés s'y penser suivant un chemin déterminé. il est évident que ce sont des produits spontanés, autonomes de l'inconscient, tout autant que les autres symboles archétypiques."
La trilogie contient un nombre impresionnant de référence à des nombres naturels et à une symbolique cachée (chambre 303, autoroute 101, Trinity, le lien entre les numéros et le tarot,... ).
"La valeur des idées créatrices, à mon avis, apparait en ce que, comme des "clefs", elles nous donnent accès à des rapports jusque-là inintelligible entre les faits, nous permettant de pénétrer plus profondement dans le mystère de la vie."
Dans Matrix reloaded, le Maitre des clefs permet d'accèder à un endroit qui n'existe pas.
"Les analogies inattendues entre les notions de la psychologie et de la physique suggèrent, comme l'a déjà fait remarquer Jung, une possible unité derrrière des domaines de réalité auxquels s'appliquent les recherches de l'une et l'autre science, c'est à dire une unité psycho-physique de tous les phénomènes de la vie. Jung était même convaincu que ce qu'il appelle l'inconscient n'est pas sans relation avec la structure de la matière inorganique. Ce concept de l'unité de la réalité a été appelé par Jung l'unus mundis (le monde "unitaire" dans le quel la matière et la psyché ne sont pas encore différenciées, ni actualisées séparement). Jung a ouvert la voie à ce point de vue synthétique en faisant remarquer que l'archétype possède un aspect "psychoïde" (c'est à dire non plus purement psychique mais presque matériel), quand il se manifeste dans un évenement synchronistique, car un tel évenement repose sur un accord significatif entre faits psychiques intérieurs et faits exterieurs. "
Dans Matrix revolutions, le combat final entre Smith et Neo, est-il un unus mundis ?
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